Le changement ! C'est le mot qui revient à chaque campagne électorale.
Ce fut un des premiers mots espagnols que j'ai appris: Je me rappelle encore lors de ma première visite à Salamanque, quelques semaines avant les élections, des affiches du parti populaire qui prétendait détrôner Felipe Gonzalez. José María Aznar de profil, regardant vers le lointain, et en caractère gras, ce mot: EL CAMBIO. Mot repris par José luis Zapatero lors de sa première campagne et bien sûr par Mariano Rajoy, il y a quelques mois...Sémantiquement, il est juste que le candidat de l'opposition parle de changement. Il remplacera, s'il gagne les élections, le président en place. Donc il y aura un changement.
Mais ce qui m'irrite de plus en plus est l'utilisation de ce mot à des fins idéologiques: Sans cesse repris et répété, il est vidé de toute sa substance dans la bouche de politiciens carriéristes dont les programmes sont connus et dont la politique réelle ressemble plus à un éternel recommencement qu'à un véritable changement.
Cette campagne 2012 ne sort pas du lot. Hollande, s'il gagne, apportera comme il l'annonce le changement. Il changera les ministres, changera quelques petites choses par ci par là, mais le principal restera: le pouvoir du monde des finances et des banques, la précarité, l'injustice, le désastre écologique annoncé.
Le réchauffement climatique est le seul changement qui nous attend:
Des changements, des vrais, il y en a eu tout au long de l'histoire de l'humanité. Des changements dûs à des découvertes, scientifiques ou autres, des changements dûs à des révolutions, à des guerres, des changements dûs à des facteurs que nous ne contrôlons pas.Et c'est bien un des ces derniers qui risque de changer bientôt la donne et entraîner de nombreux changements dans nos habitudes: Le changement climatique.
Mais bizarrement, c'est le changement qui intéresse le moins, c'est celui qui est absent de pratiquement tous les débats. C'est pourtant celui qui à terme va rendre tous les autres changements bien dérisoires. Lorsque le changement climatique provoquera des flux migratoires incontrôlables, il sera bien temps pour Marine Lepen de défendre ses frontières. Quand la rareté de l'eau et la surpopulation provoqueront encore plus d'inégalité et de misère, il sera bien temps pour Jean-luc Mélanchon de défendre les pauvres. Lorsque les matières premières, à commencer par le pétrole, deviendront rares, il sera bien temps pour François Hollande, François Bayrou ou Nicolas Sarkozy de prôner la croissance, la consommation et le sacro saint P.I.B.
Le véritable débat, le véritable changement, l'enjeu ultime, c'était les écologistes qui le détenaient. Oui je sais, Eva Joly n'était pas la candidate idéale, pas plus sûrement que Nicolas Hulot. Mais il y a derrière chaque candidat une équipe, des gens compétents.
Si Eva Joly n'a pas su convaincre, ses 2,3 % contrastant avec les 20 % aux dernières élections européennes, c'est certainement à cause de son accent, de ses lunettes et de son manque de charisme. Mais si l'écologie n'arrive pas à s'imposer sérieusement comme une option sérieuse, mieux, comme la seule option possible, c'est parce que justement elle impose de véritables CHANGEMENTS, et ne se projette pas dans le cour terme, comme le reste des forces politiques.
Et ce discours là, dans une société égoïste, individualiste, formatée pour accumuler du bien-être matériel, très peu de gens sont capables de l'entendre...