Nébuleuses América et Pélican, dans la constellation du Cygne. |
29 juillet 2016, environs de Cerreceda (1.000 mètres), Sierra de Francia - Salamanque.
Ma bonne lunette de 120 mm, si je ne la sors plus souvent maintenant que j'ai le dobson 500 mm, en plus de la base fixe avec mon vieux 200 fait maison, me donne encore bien des joies.
De temps en temps, après moult indigestions de corps célestes observés à des grossissements vertigineux, fatigué par mes voyages dans les profondeurs galactiques, l'envie me prends de recontempler le ciel "simplement", comme à mes débuts, en tout petit.
J'arrive sur ce site intéressant car à 10 minutes de chez moi, un peu plus haut et avec moins de pollution lumineuse. Malheureusement, dès le l'automne, je préfère aller plus loin (El Maillo à 20 minutes) car ce coin est humide et l'optique se retrouve vite embuée.
Je monte ma belle lulu, dont j'ai changé le porte oculaire à crémaillère de série par un bon Crayford d'occasion, en faisant un autre instrument instantanément.
En attendant que la nuit tombe complètement, je vise Mars, seulement pour aligner mon viseur, car elle est trop basse dans le ciel. L'observation dans l'ethos 6mm me confirme que l'on peut lui dire au revoir et à la prochaine....
Non loin de là, mais un peu plus haut, Saturne offre quelques bons moments quand la turbulence se calme. Mais, quand on est habitué à une vision au 500, celle-ci devient rapidement ennuyeuse, donc je range mon Ethos 6mm.
De la mallette d'oculaires, cette nuit, seul le Panoptic 41 sortira. Tout au plus l' Ethos 21 pour doubler le grossissement sur de petits amas, mais réellement ce n'est pas le sujet du jour, car le grossissement que me donne l'Ethos 21 dans la lunette de 1000 mm de focale, correspond à celle que j'ai avec le Panoptic 41 dans le dobson 500 et ses 2000 mm de focale, avec près de 400 mm de moins de diamètre de miroir. La comparaison n'est donc pas possible.
Non. Ce que je veux ce soir, c'est me balader dans les étoiles de la Voie Lactée, me délecter de petits points, de prendre du recul. et avec l'Ethos 41, ses 2.8º de champ et 24 x, je vais me régaler.
Je commence donc en bas, du coté du dard du scorpion, par les deux amas M7, l'amas de Ptolémée, et M6, le beau papillon. c' est beau et toujours sympa de retrouver ces objets, petits mais avec plein d'espace et d'étoiles autour. Bref, une vision de jumelles, sans les vibrations.
je remonte vers La nébuleuse de La Lagune (M8), et là, pour tordre le cou à des légendes urbaines qui ont la vie dure, je sors ce filtre UHC fort qu'est le NPB pour rehausser le gaz visible autour de l'amas d'étoiles et là, je vous le dis franchement, eh ben tout ce qu'on vous raconte "que sur un diamètre inférieur à 200, un filtre UHC, à fortiori un NPB, ne sert à rien, qu'il assombrit trop l'image", eh bien je peux vous confirmer qu'il n'en est rien sous un bon ciel. La vision combinée de la nébuleuse de La Lagune et de la petite (très petite ici) nébuleuse Trifide (M20) est de toute beauté.
Et je vous réserve d'autres surprises...
Je me perds dans la partie dense de la voie lactée du Sagittaire, notre coeur galactique, l'antre du terrible trou noir qui se cache en lui. je passe par le bel amas globulaire M22, lumineux et dont les petites étoiles du bord sont bien visibles. puis je saute vers les amas M23 et M25 avant d'arriver sur les nébuleuses Oméga (M17) et de l'Aigle (M16) dont je peux deviner le gaz même avant de mettre le philtre magique NPB. Avec le filtre, je retrouve bien la forme typique de ces deux classiques du ciel d'été, mais en miniature, c'est rigolo...
Je continue à monter dans la voie blanche du ciel et j'arrive sur l'amas du canard sauvage (M11). Je n'avais jamais trouvé évident la forme du canard avec un plus gros grossissement au 500. Ici, tout petit, perdu au milieu des étoiles éparpillées, j'ai l'impression que la silhouette d'un oiseau volant devient évidente.
Amas du Canard Sauvage. |
j'arrive assez rapidement dans le cygne et je pointe Deneb pour trouver la nébuleuse de l'Amérique du Nord (NGC 7000). Avec ce champ de près de 3º, je peux la voir entièrement, facile et brillante, avec sa nébuleuse voisine du Pélican, grâce encore une fois au filtre "qui faut pas utiliser avec une petite lunette nom d'une pipe". Dans mon 500, avec ce même oculaire, je ne peux que me promener le long des côtes américaines, flânant dans le golfe de Mexico, puis descendant vers le Salvador et le Guatemala qui se perdent dans le brouillard galactique. Ici j'ai une vision d'ensemble, c'est chouette.
Et maintenant, taratata ! La surprise: Les dentelles (NGC 6960-6992-6995). J'ai presque une vision complète des 3 nébuleuses, juste en bougeant légèrement la lunette. C'est fabuleux de voir le Balai de La sorcière et le triangle de Pickering en même temps que la grande dentelle.
Mais ça l'est encore plus lorsque je sors mon filtre OIII Lumicon et le mets à la place du NPB, pour la première fois sur la petite lulu de 120. La nébuleuse ressort encore plus et laisse entrevoir les filaments, qui bien sûr à ce faible grossissement, restent un sport de haute voltige. Mais globalement, j'ai la vision photographique qu'en avait fait Orionrider l'année dernière avec ma petite monture Skyviewpro.
Photo des Dentelles réalisée par Orionrider lors de son séjour dans notre gite en juillet 2015. |
Je termine ma vision lilliputienne du ciel estival par quelques amas dans la région de Cassiopée, comme la Rose de Caroline (NGC 7789) ou La Chouette (NGC 457) qu'on appelle ici en Espagne l'amas de la libellule, le double amas de Persée et bien Sûr, la grande galaxie d'Andromède (M31), impossible de voir dans sa globalité habituellement.
Avec cette belle image imprimée dans ma rétine, je démonte, il est 1h30 et demain j'ai de nouveau sortie astro, mais là avec le gros, un astrotour pour des clients flamands, qui hallucineront certainement de voir tous ces classiques, brillants de tous leurs feux, dans un télescope d'un demi mètre de diamètre sous un ciel noir.
Mais là pour moi, ce soir, tout seul, cette courte sortie ne fut que du bonheur !