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Caste politique privilégiée et corruption:
Selon les derniers sondages, les hommes politiques sont même devenus le principal problème des espagnols avec le chômage (25%). Le terrorisme de l'ETA avait longtemps été en tête mais heureusement aujourd'hui le problème basque semble vouloir se résoudre pacifiquement.
Dernièrement, il ne se passe pas un jour sans qu'une nouvelle affaire de corruption vienne remplir les colonnes des journaux:
Hier, c'était l'ancien trésorier du PP (Parti Populaire) qui était suspecté de fraude après lui avoir trouvé un compte de 22 millions d'euros en Suisse.
Avant-hier, c'était l'ancien président du gouvernement catalan (CIU, parti de droite indépendantiste) et ses trois fils qui semblent tous mouillés dans des affaires différentes.
il y a 2 jours, l'actuel président du gouvernement de la communauté de Madrid (PP) pour un achat immobilier "douteux" à Marbella. Ahh Marbella...Bien connue pour ses plages et sa corruption immobilière...
Et je pourrais remonter le temps comme cela en donnant des exemples qui ne laisserait à l'abri aucun parti et aucunes régions autonomes. Même la famille royale se voit atteinte par les magouilles du "gendre" Urdangarín.
Les années dorées de la spéculation immobilière:
Ceux qui ont vu la vidéo de l'article du mois dernier auront compris que les folles années de croissance basée uniquement sur la construction de millions de logements ont permis l'enrichissement rapide de quelques-uns et la corruption qui accompagne souvent la spéculation immobilière. Combien de maires, ou conseillers ont été condamnés pour avoir touché des bakchichs. Et ce n'est sûrement que la partie visible de l'iceberg...Au niveau supérieur des communautés autonomes, on est pas en reste avec des réseaux complexes de corruption dont certains ont été démantelés: Valence, Baléares, Andalousie...et on se retrouve avec par exemple un aéroport sans avions ou une autoroute où ne passent aucunes voitures. une gare TGV au milieu de nul part car construite sur des terrains familiaux vendus à prix d'or...
La récente et indécente amnistie fiscale du gouvernement de Rajoy prétendait que le fisc récupère une partie de la fraude générée pendant ces années là et pouvoir ainsi remplir les caisses vides de l'état, mais elle n'a pas eu l'effet désiré.
Une classe politique qui ignore le mot "démission":
je vous laisse ici un lien de noms de personnalités politiques condamnées des affaires de corruption mais qui continuent à occuper leur siège dans les institutions.Car en Espagne, le mot "démission" est absente du vocabulaire des hommes politiques. Dans d'autres pays, la moindre suspicion sur un homme politique entraînerait sa démission immédiate. Ici, jamais.
Pire: nous avons même le cas de l'ancien président du gouvernement de Valence, condamné, qui s'est représenté quelques mois plus tard et...a été réélu (c'est à n'y rien comprendre...)
Les représentants des hautes instances juridiques étant désignés par les principaux partis politiques, les procès sont bien souvent trop longs et aboutissent sur des peines ridicules et l'argent volé ou acquis de manière frauduleuse n'est jamais rendu.
Il en résulte donc un sentiment d'impunité total pour ceux qui "mettent la main dans la caisse". Et pour un nombre croissant de la population, l'impression de vivre dans un république bananière.
L'Espagne a le double d'hommes politique que l'Allemagne:
...Et pourtant la moitié de sa population. (Donc proportionnellement 4 fois plus)La structure du pays est formée d'un gouvernement central, puis de gouvernements autonomes (Junta) avec leurs présidents, leurs ministres, leurs chambres de députés propres, tous menant un grand train de vie. Cela génère des dépenses que de plus en plus d'espagnols mettent en doute (une structure pourtant proche de l'Allemagne citée avant et qui donc "fonctionne").
Les "Diputaciones", autres structures provinciales obsolètes de l'époque franquiste sont remises en question depuis des années par les citoyens pour leur utilité toute relative si ce n'est de servir à alimenter le clientélisme politique. On serait sidéré d'y compter le nombre de postes bidons, de députés locaux "machins" et conseillers "bidules" aux salaires de plusieurs milliers d'euros.
La population est réellement excédée de voir comment ces différents gouvernements leur demande de faire des efforts en augmentant les impôts, en baissant les salaires ou en supprimant le 13ème mois des fonctionnaires, en réduisant de manières drastique les prestations sociales et en augmentant l'âge de départ à la retraite,... et eux même continuer sans vergogne à bénéficier de tous leurs privilèges.
L'exemple de Villanueva del Conde ,village de 150 habitants:
Il suffit de regarder dans le village où je vis et de reporter cela au niveau du pays entier pour comprendre l'ampleur du problème: Ce petit village possède un centre de vie (maison de retraite de jour), caprice de l'ancien maire, qui nous a coûté 500.000 euros et que nous continuerons à payer pendant longtemps. Depuis plus de 4 ans qu'il est terminé, il n'a jamais servi ni même a été inauguré.Notre jeune et nouveau maire, nommé conseiller d'agriculture à la Diputación de Salamanque (avec un salaire autour de 2500 euros, je rappelle que le SMIG espagnol est d'environ 600 euros), est sans doute le moins habilité sur des kilomètres à la ronde pour remplir cette fonction (fonction à l'utilité plus que discutable comme tous ces conseillers "bidons" de la Diputación), mais il est membre du parti au pouvoir depuis 30 ans en Castille et León, ça aide...
Voilà la réalité de ce pays: On supprime des infirmières et des professeurs mais pas question de toucher à ces postes purement politiques réservés aux "amis". Même aux heures les plus noires de l'austérité budgétaire...
Assainir et renouveler la vie politique:
Depuis les évènements de la Puerta del Sol et des indignés, de plus en plus de voix s'insurgent contre le système électoral espagnol, conçu à l'époque de la sortie de la dictature et de la transition pour assurer une stabilité politique nécessaire . On favorisait alors les deux grands partis capables de gouverner (Le parti communiste était légalisé mais pas question de lui permettre de réitérer ses exploits de la 2ème république d'avant la guerre civile, les militaires étant encore très "sensibles"...).Mais actuellement ces règles du jeu ne sont plus valables et empêchent toute régénération de la politique en annulant pratiquement les possibilités de représentation des petits (ou moins petits) partis en dehors du PP et du PSOE. Un changement de la loi électorale introduisant une plus grande part de proportionnelle ainsi qu'une suppression des privilèges, et un durcissement des lois contre la corruption paraissent inéluctables, et souhaitables pour la survie démocratique du pays. Mais gageons que la caste politique fera tout son possible pour retarder cette échéance...
liens:
Étude sociologique sur la corruption en Espagne (PDF en espagnol)
Article en français assez complet sur le problème
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