En Espagne aussi lui répondis-je, mais ici les lois sont facilement contournables, manipulables et surtout, l'esprit latin n'est pas l'esprit nordique ou germanique !
Le manque d'alternance politique est la porte ouverte à la corruption.
La constitution rédigée à la chute de la dictature franquiste incluant une division du pays en régions autonomes comme d'autant de petits califats semble avoir eu comme résultat, non seulement de créer des duplicités administratives qui coûtent chères aux contribuables et souvent contredisent l'administration central, sinon de permettre aux corrompus de s'y engouffrer et d'y vivre à leur aise.Lorsque que l'on constate effaré devant son téléviseur, car il ne se passe pas un mois sans qu'une nouvelle affaire éclate, comment la corruption gangrène ce pays, que personne n'est épargné, banquiers, hommes politiques, grands patrons, famille royale...on peut s'interroger sur l'efficacité d'une telle constitution et des lois qui la régissent.
Je ne vais pas refaire une liste des différentes affaires de ces dernières années, vous pouvez les (re)découvrir ici et là.
Mais force est de constater que là où un parti règne de manière hégémonique, la corruption s'installe presque de manière systématique.
C'est le cas en Andalousie où gouverne le parti socialiste en maître depuis le début de la démocratie (Affaire de los Eres: 1.400 millions d'euros quand même...)
C'est le cas de la Catalogne que Jordi Pujol(parti indépendantiste de droite) a gouverné pendant 30 ans en se remplissant les poches avec le fameux 3% de commission sur toutes les commandes publiques. (3.300 millions d'euros à lui seul! sans compter les magouilles de ses nombreux enfants)
et c'est le cas qui nous intéresse aujourd'hui: La belle et touristique région de Valence...
Valence, terre de toutes les excès.
Valencia est le parfait exemple du mélange explosif de la spéculation immobilière et de la politique.
Essor touristique à tout va, miracle économique, grands projets pharaoniques et un parti au pouvoir sans partage depuis 1995: les ingrédients étaient réunis.
Gaspillage, corruption. La liste des affaires et des scandales est longue, et touche toujours le même parti. Je ne prétends pas écrire une thèse ou ennuyer le lecteur. Je prendrai donc un exemple simple que tout le monde connaît, ne serait-ce qu'en photo: La ciudad de Las Artes y las Ciencias.
Magnifique ensemble d'édifices futuristes tous plus beaux les uns que les autres, rehaussés de grands bassins où jouent les reflets et les lumières, elle est l'oeuvre de l'architecte Calatrava.
Lors de ma visite en 2008, hormis l'aquarium, superbe, j'avais trouvé une incohérence criante entre la beauté du site et son (infra)utilisation. comme si on avait fait de beaux bâtiments et qu'ensuite on s'était posé la question: "Et maintenant, qu'est ce qu'on en fait?". C'était surtout mon sentiment dans le grand palais des sciences, aux espaces immenses, et dont le contenu paraissait tellement ridicule comparé au contenant.
L'agora, édifice qui à ce jour n'a pratiquement jamais servi, n'a jamais été terminé et qui tombe déjà en miettes. |
Le coût final de ce complexe a été multiplié par quatre (avec un surcoût final de 1.000 millions d'euros), sans être achevé complètement (il manque certaines structures qui ont été payées mais non montées pour des problèmes techniques), et actuellement, certains tombent déjà en morceaux comme l'Agora qui n'est jamais utilisé mais nécessite sans délais 10 millions d'euros pour réparer les vices originaux.
Un puits sans fond qu'il sera difficile de combler.
Pendant ce temps, les enfants de nombreuses écoles de Valence font cours depuis 10 ans dans des installations provisoires qui durent, les coffres sont vides...
Rita Barbera, la "parraine".
Rita, que l'on accuse au minimum de gaspillages honteux, a l'honneur d'avoir sa propre Wikileaks: la Ritaleaks |
Cela fait longtemps déjà que Valence fait la une des journaux pour ses nombreuses affaires liés à l'enrichissement personnel de nombres de ses hommes (et femmes) politiques. La justice, d'une lenteur désespérante, a rendu encore peu de verdicts, quand les faits n'ont pas carrément prescrits.
Mais ces dernières semaines, avec l'opération Taula, des faits nouveaux ont été mis à jour, grâce entre autre à un inculpé qui s'est mis à table. Et c'est encore une fois un vrai réseau mafieux qui est en train de se profiler dans l'organisation du Parti Populaire de Valence, avec ses parrains, comme cet Alfonso Rus, ex-président du conseil départemental (diputación), enregistré en flagrant délit de comptage de billets de 500 ou qui facture des ampoules LED pour une valeur de 27 millions d'euros quand elles en valent réellement 17. Enrichissement personnel mais aussi financement occulte du parti grâce à de juteuses commissions. Tous les actuels conseillers municipaux de la ville de Valence du PP sauf un (c'est tout en son honneur) sont actuellement inculpés ainsi que d'autres membres régionaux: 80 au total, pour blanchiment: Une donation au parti de 1.000 euros leur était demandé pour être sur les listes électorales, en retour, on leur donnait 2 billets de 500 d'argent sale.
Mais la chef, comme l'appelle certains inculpés, semble pointer Rita Barbera, maire depuis 24 ans jusqu'à l'année dernière où son cuisant échec a été récompensé par un poste de sénatrice qui la protège d'être jugée comme un citoyen ordinaire. Elle serait sinon, à l'heure qu'il est, inculpé elle aussi.
Il faut savoir qu'en Espagne, 10.000 personnes, dont plus de 2.000 personnalités politiques possèdent le statu de "aforados", c'est à dire qu'ils ne peuvent être jugés que par le tribunal suprême, d'ailleurs très politisé à droite. Alors qu'en France, le Président et son gouvernement sont les seuls à posséder ce privilège. En Allemagne, aucun! Ceci explique aussi cela...
D'un coté, Mariano rajoy dit tout faire pour lutter contre la corruption dans son parti, et de l'autre, il crée il y a quelques jours un blindage judiciaire à son amie de longue date (elle en sait certainement aussi beaucoup sur le parti au niveau national), en la chargeant d'une commission sénatoriale qui, en cas de réélections au printemps lui permettra de rester à sa place de sénatrice quand les autres devront se représenter. On en rirait si ce n'était pas si pathétique.
Un changement qui tarde à venir.
Deux mois après les élections, le pays est toujours sans gouvernement, les différents partis n'ayant pas trouvé de points d'accords, on se dirige pour l'instant vers de nouvelles élections en fin de printemps.Personne, ni le PS, ni bien sûr Podemos, ni même le nouveau parti de centre droit Ciudadanos ne veulent entendre parler de pactiser avec un parti pourri jusqu'à la moelle comme l'est le Parti Populaire de Rajoy.
La vieille droite espagnole s'enfonce toujours plus dans la boue de ses nombreux cas de corruption. Ce qui reste inexplicable, surfant sur une reprise économique précaire à base de mini-jobs, c'est qu'il continue malgré tout à être le parti préféré des espagnols: Le plus voté aux dernières élections avec presque 29% des voix (contre 22% pour le PSOE, 20,5% pour Podemos et 14% pour Ciudadanos), il le serait encore en cas d'élections prochaines malgré une légère baisse, d'après un sondage de janvier.
Le dernier grand scandale de ces derniers jours sonnera-t-il le glas de ce parti DÉgénéré plus proche du grand banditisme que de la politique ? Entraînera-t-il enfin sa RÉ-génération ?
Aujourd'hui même, un autre dinosaure du PP, l'ex-présidente de la communauté de Madrid, Esperanza Aguirre, a démissionné de son poste de présidente du parti populaire de Madrid à cause elle aussi d'affaires de corruption qui concernent des personnes de confiance qu'elle avait nommées à des postes clé de son gouvernement d'alors. On a l'impression que ce mauvais film ne finira jamais...
Pour en savoir plus:
Blog en espagnol dédié à la corruption à Valencia.
Liste des cas de corruption région de Valence (en espagnol).
Liste des gaspillages et projets avortés (en espagnol) et un autre article en français
La ciudad de las Artes y las ciencias: Petite histoire d'un grand gaspillage (en espagnol).
Un billet récent (en espagnol)
Bonjour alfred,
RépondreSupprimerJe viens de lire que la "Tigresse" sort de l'arène, mettant en sérieux péril Rajoy
Est-ce que cela ne va pas précipiter les choses?
[http://www.liberation.fr/planete/2016/02/15/la-demission-de-la-thatcher-espagnole-cree-un-seisme-politique_1433465]
Simple question...
Hasta la vista!
tu plaisantes? Rajoy est indecrottable. Il n'a pas démissionné lors du SMS à Barcenas qui entrait en prison ("Je te comprends, soir fort..")
RépondreSupprimerIl pense se représenter si les élections sont répètées en mai, alors qu'il est une partie du problème, certains le disent même à haute voix dans son parti, mais lui, non, y comprend pas, y s'accroche comme un morpion...
Il a certainement plus de soucis à se faire du coté de Valence, car si son amie Rita commence à parler, elle en a certainement de bien bonnes sur lui et le fonctionnement du parti, qui soit dit en passant, a financé son superbe immeuble en partie avec de l'argent sale, bref ça fuit par tous les bouts...
Hello!
RépondreSupprimerJ'ai commis ce matin un petit papier _un peu bâclé_ (renvoyant au tien, vers la fin)sur la question de la corruption en Espagne
Cela fera au moins de la pub pour les gîtes...
[http://marcelthiriet.blogspot.fr/2016/02/chateaux-vides-en-espagne.html
Hasta luego!
merci.
RépondreSupprimerOn dirait que ça se sent sur les statistiques des derniers jours..