Ce blog ne prétend rien d'autre que d'être une suite d'articles sans liens ni thématiques particulières. Il fait part de la vision d'un expatrié sur ce merveilleux pays qui l'a accueilli, essayant d'en donner une image diffèrente des clichés qu'en ont souvent ceux qui le méconnaisse. Il cherche aussi à temoigner d'une expérience personnelle qui prouve que le bonheur n'est pas une chimère...

7 nov. 2012

Le tourisme rural comme philosophie de vie


La Sierra de Salamanque, paradis du tourisme rural.

 

" Comment as-tu atterri ici ? Tu arrives à vivre de tes gîtes ? Vous louez toute l'année ou seulement en haute saison ? Tu ne t'ennuies pas trop en hiver ? "

Quand la confiance s'installe, un verre d'apéritif à la main, ces questions sont celles qui reviennent le plus souvent...

À la première, je réponds "que ce sont les surprises que nous réserve la vie" et demande si ils ont vu le film L'auberge espagnole car "ça s'est passé à peu près comme cela..."
La visite à une amie qui étudiait alors à Salamanque grâce au programme ERASMUS, le coup de foudre pour une des colocataires, mon retour 2 mois après, avec entre temps un apprentissage intensif de la langue grâce au livre "apprenez l'espagnol en 90 jours" (ça fonctionne, je vous jure!), et voilà comment un spinalien que tout amenait à faire une brillante carrière dans l'Éducation Nationale se retrouve à planter des tomates (entre autres) à quelques dizaines de kilomètres de la frontière portugaise.
frédéric, gérant des gites
Frédéric
angela, gérante des gites
Angela
                                                                           
À la seconde, je réponds que "oui pour l'instant" et que "cela dépend des exigences de chacun."
Car il est évident que pour moi (et ma femme), vivre du tourisme rural est un choix de vie:
Tout notre projet s'est basé  sur un investissement raisonnable et viable (pas question d'un prêt monstrueux et du risque d'être jeté à la rue comme 400.000 familles espagnoles actuellement...) ainsi comme la volonté de vivre au maximum en autarcie sur le plan alimentaire (car vivre à la campagne et récolter ce que la nature nous offre, avec un peu de travail, nous semble aller de soi.)
Lorsque nous décidâmes de nous installer dans le village d'Angela, les calculs avaient été simples et rapides: Combien d'argent aurait-on besoin pour vivre (ou mal vivre) en France ou en Espagne, dans une ville, avec 2 emplois pour s'en sortir mais aussi avec deux fois plus de frais (2 voitures, crèche pour les enfants, etc...) ? Combien d'heures par jour serions-nous en famille ? Combien de temps aurions-nous pour nous construire au niveau personnel ?
La balance pencha vite du coté d'une vie rural: Avoir du temps pour soi et pour les autres, vivre au rythme de la nature et des saisons. voilà bien des choses qui n'ont pas de prix !
La culture et la consommation de fruits et légumes Bio, d' oeufs frais , sans compter l'économie d'un gymnase, de médicaments et de séances de psy qu'occasionne la pratique intensive du jardinage (même s'il faut compenser quelques fois d'une séance d'ostéopathie pour mon dos), n'apporte que des avantages !
Être loin des tentations consommatrices et des effets de mode, se contenter du nécessaire et s'abstenir au maximum du superflu, permet de vivre  avec la moitié de ce qui serait nécessaire dans une grande cité.
Sans le savoir à l'époque, nous avions opté pour les préceptes de la décroissance, qui dit qu'une fois les besoins matériels de premières nécessités assouvis, le bonheur réside uniquement dans l'affectif, c'est à dire l'amour, l'amitié, et les relations sociales.
arbousier de la sierra de Francia


Avec la montée en puissance de la bulle spéculative en Espagne, le nombre de gîtes ruraux et centres de tourisme rural de tous poils ont vu le jour, certains d'entre eux grâce au blanchiment d'argent sale qu'engendra le passage à l'euro.
Il suffit pour s'en convaincre de prendre  deux catalogues de Gîtes Homologués par le gouvernement de Castille et Léon: Celui d'il y a 18 ans était un simple petit triptyque contenant tout au plus une vingtaine d'établissements. Celui de ces dernières années est un pavé digne d'un bottin téléphonique. En bord de mer, le phénomène s'est étendu aux appartements et autres "fincas" qui se louent de particulier à particulier.
Alors à la deuxième question, oui je réponds que  "malgré une demande en crise et une offre démesurée, j'arrive (pour l'instant) à en vivre".
Parce que évidemment la raison se trouve dans la troisième question dont la réponse est "que la proximité de Madrid nous permet de louer 90 % des week-ends hors saison."
 Je pense et j'espère que ce succès, face aux difficultés que rencontre le secteur, est le résultat de notre manière de vivre et de transmettre notre philosophie du tourisme rural: Être proche, être disponible, être généreux. Dans une société toujours plus individualiste et déshumanisée, ces valeurs sont plus que jamais recherchées par nos clients.
villanueva del conde
Le village d'Angela: Villanueva del Conde.

Et la quatrième question me direz-vous?
Taille des arbres fruitiers, entretien du jardin et des 2 potagers, nettoyage  et maintenance des gîtes, bois pour les cheminées, conception, maintenance et optimisation du site internet et des blogs et réseaux sociaux, téléphone et courrier, promenade du chien, sorties astro seul ou avec les clients , préparation de confitures et autres conserves, entretien de MA maison, et quand il me reste du temps, recherche d'un langage pictural propre grâce à l'application de peinture à l'huile sur divers supports....
Pas vraiment le temps de m'ennuyer!...

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