Ce blog ne prétend rien d'autre que d'être une suite d'articles sans liens ni thématiques particulières. Il fait part de la vision d'un expatrié sur ce merveilleux pays qui l'a accueilli, essayant d'en donner une image diffèrente des clichés qu'en ont souvent ceux qui le méconnaisse. Il cherche aussi à temoigner d'une expérience personnelle qui prouve que le bonheur n'est pas une chimère...

13 déc. 2013

Bonjour fascisme !


Ce mois-ci, en rapport avec la dernière perle (Loi de sécurité) que vient de nous pondre le gouvernement ultra-conservateur actuel et ses dérives totalitaires, je ne résiste pas à la tentation de traduire cette réaction qui circule sur le net et que je souscris totalement.
Son auteur, Luis García Montero, est poète et critique littéraire, essayiste, professeur de littérature espagnole à l'Université de Grenade.


crise et manifestations en espagne

Je garde deux sensations très précises des années que j'ai vécues sous la dictature de notre grand général Francisco Franco: La peur de la Police et le contact quotidien avec le mensonge. Je sais que la réalité espagnole s'est peu à peu adoucie à mesure que nous nous éloignions de la saignée provoquée par le putsch militaire de 1936, mais dans l'air que je respirais dans les années 50, 60 et 70, on pouvait facilement sentir l'odeur de la peur et du mensonge.

Les journaux mentaient autant par ce qu'ils racontaient que par ce qu'ils taisaient. La rhétorique sur l'empire, la race, la patrie et  la gloire, que l'on nous enseignait dans les classes de Formation de l'Esprit National, s'écroulait aux premiers regards sur le monde extérieur. Un pays pauvre, assisté,  humilié, sans science, sans économie solide, sans culture publique, sans répercussion internationale, souffrait sous les ailes de l'aigle (Symbole du drapeau franquiste - ndt).
Plutôt une poule qu'un aigle... 
Les couleurs du drapeau servaient seulement à nous rendre rouges de honte et jaunes d'envie lorsque nous commençâmes à découvrir ce qu'était la vie, à l'extérieur.              

Les politiciens mentaient. Et je ne fais pas référence aux demi-vérités et aux manipulations propres à l'électoralisme. Ils mentaient vraiment, profondément. Comme moi, adolescent, lorsque les curés du collège m'obligeaient à me confesser. Nous étions les héritiers d'un régime basé sur l'instauration officielle du mensonge.
Le général Miguel Compins, Commandant de la région militaire de Grenade, fut arrêté dans son bureau par les franquistes, alors qu'il était tranquillement en train d'exécuter  les ordres du gouvernement, et fut fusillé pour avoir aidé la rébellion (il avait rejoint Franco mais était jugé trop "tiède"- ndt)Ce ne fut pas un cas isolé. Le loyal devenait le rebelle, il faisait chaud en hiver et froid en été, les poissons volaient dans les nuages et les oiseaux nageaient dans les profondeurs des mers si ainsi l'affirmait l'Autorité.

Personne, bien sûr, ne confondait la vérité officielle avec la réalité. Cela créa un fossé profond entre l'État et la rue. Nous sommes aujourd'hui les héritiers de cette division imposée par cette habitude de mentir. Ce qui commença par être un petit mensonge électoral dans l'Espagne démocratique, débouche aujourd'hui sur le retour incomplexé du mensonge fasciste. (L'auteur fait référence ici au gouvernement qui, depuis 2 ans, fait exactement le contraire de son programme électoral pour lequel il a été élu, et nie en bloc toutes les affaires de corruptions dans lesquelles son parti est impliqué actuellement - ndt) 
Rajoy jure qu'il ne connaissait pas les activités corrompues de son trésorier le plus intime, comme si rien n'était... (voir l'Affaire Barcenas - ndt)
Ana Botella (Maire de Madrid et femme de l'ancien président Aznar - ndt) dit que la Réforme du Code du Travail a sauvé les emplois des travailleurs des voiries de Madrid, comme si rien n'était...
On ment sur l'économie, le chômage, la politique internationale, l'honnêteté de la famille royale, comme si rien n'était...
Les institutions - par exemple le pouvoir judiciaire - sont un mensonge en fonctionnement. Il recommence à faire chaud au mois de janvier. 
La mode des mémoires  politiques (l'auteur fait-il référence aux nombreux livres  d'hommes politiques publiés dernièrement? - ndt) et l'inauguration de la Fondation Felipe Gonzalez ont lieu parce qu'un moratoire illimité sur le mensonge a été instauré. Ici en Espagne, l'erreur personnelle est une maladie décataloguée des consciences.

Nous sommes également revenu au cri de "La rue est à moi". Il fut lancé par Fraga Iribarne pour nous rappeler en 1976 la règle numéro un de la dictature qu'il avait servi. (Fraga, ancien ministre du tourisme de Franco et ministre de l'intérieur du gouvernement de transition, fut un des rédacteurs de la constitution de 1978. Il fut un ministre de l'intérieur discuté, chargé de museler les forces de gauche. Il prononça cette fameuse phrase en réponse à la tentative de manifestation de l'opposition le 1er mai 1976 - ndt)
Répondant à ses origines, le gouvernement du Parti Populaire a transformé en loi le cri de Fraga (le gouvernement est sur le point de légiférer pour interdire tout rassemblement de protestation dans le style des indignés de la Puerta del Sol, entre autres restrictions des libertés individuelles - ndt)
Au lieu de respecter et solutionner les problèmes graves des citoyens, il criminalise leurs protestations à l'aide d'amendes démesurées et de stratégies d'impunité pour la répression. La loi hypothécaire nous  a laissé sans maisons et la loi muselière sans rue. Deux formes d'expulsion. Dorénavant, nos rapports avec la Police espagnole seront basés sur la peur. Fini la confiance. Les forces de sécurité auront comme ennemi le citoyen. La patrie produit encore une fois des étrangers dans leur propre pays. Oser mettre un pied en dehors de la majorité silencieuse sera un acte intolérable de rébellion. Exiger et pratiquer les droits constitutionnels pourront nous convertir en complices d'un soulèvement.

Bonjour fascisme. Les espagnols recommencent à vivre une réalité quotidienne fasciste. On peut discuter s'il s'agit de pré-fasciste, post-fasciste, para-fasciste ou quasi-fasciste. Mais l'évidence est que nous sommes dans un décor de carton-pâte fait de mensonges et sur une place d'armes qui appartient seulement à l'Autorité. La rue ne fait plus partie de nos droits. Cohabiter signifie obéir à l'absolutisme de députés et ministres qui sont les héritiers du dictateur. (L'auteur applique ici les superlatifs diputadisimos et ministrisimos, difficilement traduisibles,  et signifiant "très grand", en  référence au titre du dictateur Franco: Grand général ou Generalísimo - ndt)

Vous pourrez me dire qu'ils sont arrivés au gouvernement par les urnes. Arriver au pouvoir par les urnes n'est pas une chose nouvelle pour le fascisme, et encore moins rompre ses contrats électoraux.
Vous pourrez me dire que les gens vont revoter pour eux. Cela ne signifie pas qu'ils ne seront plus fascistes, sinon que le fascisme s'est installé dans les procédures démocratiques. Dans une réalité fondée sur le mensonge, avec une profonde division entre l'Espagne officielle et l'Espagne réelle, entre les mondes virtuels et l'expérience en chair et en os, les votes perdent leur lien avec la rue et deviennent partie intégrante du jeu vidéo des superstitions.
Sans un patrimoine légal démocratique, il peut y avoir des votes, mais il n'y aura pas de démocratie.

Ni souveraineté populaire, ni institutions représentatives, ni participation.
Mensonge et répression policière: Bonjour fascisme !

Luis García Montero



Texte original:

Buenos días fascismo

Guardo dos sensaciones precisas del tiempo que me tocó vivir bajo la dictadura del caudillo, nuestro generalísimo Francisco Franco: el miedo a la Policía y el trato cotidiano con la mentira. Ya sé que la realidad española fue suavizándose conforme nos alejábamos de la sangría provocada por el golpe militar de 1936, pero en el aire de los años cincuenta, sesenta y setenta que yo respiré podía percibirse con facilidad el olor del miedo y de la mentira.

Los periódicos mentían tanto por lo que callaban como por lo que decían. La retórica sobre el imperio, la raza, la patria, la gloria que nos enseñaban en las clases de Formación del Espíritu Nacional no resistía las primeras miradas sobre el mundo. Un país pobre, menesteroso, humillado, sin ciencia, sin una economía sólida, sin cultura pública, sin repercusión internacional, sufría bajo las alas del águila. Más bien una gallina. Los colores de la bandera solo servían para ponerse rojos de vergüenza y amarillos de envidia cada vez que íbamos descubriendo lo que era la vida.

Los políticos mentían. Y no me refiero a las verdades a medias y las manipulaciones propias del electoralismo. Mentían de verdad y hasta el fondo, como yo de adolescente cuando me obligaban a confesar los curas del colegio. Éramos herederos de un Régimen basado en la instauración oficial de mentira. A Miguel Compins, Comandante Militar de Granada, fueron a buscarlo los golpistas a su despacho, en donde estaba tan tranquilo cumpliendo órdenes del Gobierno y de la superioridad, y lo fusilaron por ayudar a la rebelión. No fue el único caso. El legal era el sublevado, en invierno hacía calor, en verano frío, los peces volaban por las nubes y los pájaros nadaban por las profundidades del mar si así lo afirmaba la autoridad.

Nadie, claro está, confundía la verdad oficial con la realidad. Eso creaba una separación tajante entre el Estado y la calle. Hoy somos herederos de esa división impuesta por la costumbre de mentir. Lo que empezó siendo la mentirijilla electoral en la España democrática desemboca hoy en el regreso a la desvergonzada mentira fascista. Rajoy jura que no conocía las actividades corruptas de su tesorero más íntimo y no pasa nada. Ana Botella dice que la Reforma Laboral ha salvado los puestos de trabajo de los trabajadores de la limpieza en Madrid y no pasa nada. Se miente sobre la economía, el paro, la política internacional, la honradez de la familia real, y no pasa nada. Las instituciones –véase el poder judicial- son una mentira en funcionamiento. Ha vuelto a hacer calor en el mes de enero. La moda de las memorias políticas en nuestro país y la apertura de la Fundación Felipe González se deben a que está vigente una veda infinita para las mentiras. Aquí el error propio es una enfermedad descatalogada en las conciencias.

También hemos vuelto al grito de “la calle es mía”. Lo lanzó Fraga Iribarne para recordarnos en 1976 la norma número uno de la dictadura a la que había servido. Respondiendo a su origen, el Gobierno del PP ha dado forma de ley al grito de Fraga. En vez de respetar y solucionar los problemas graves de los ciudadanos, criminaliza sus protestas con multas desmedidas y con estrategias de impunidad para la represión. La ley hipotecaria nos deja sin casas, la ley mordaza sin calle, dos formas de desahucio. A la Policía española deberemos tratarla con miedo. Se acabó la confianza. Las Fuerzas de Seguridad tienen como enemigo al ciudadano. La patria produce otra vez extranjeros en su propio país. Atreverse a poner el pie fuera de la mayoría silenciosa es un acto de rebeldía intolerable. Exigir y practicar los derechos constitucionales puede convertirnos en cómplices de la sublevación.

Buenos días, fascismo. Los españoles volvemos a vivir en una realidad cotidiana fascista. Podemos discutir si se trata de prefascista, posfascista, parafascista o cuasifascista, pero la evidencia es que nos hemos instalado en el cartón piedra de la mentira y en una plaza de armas que sólo pertenece a la autoridad. Entre nuestros derechos no está la calle. Convivir es obedecer bajo el absolutismo de unos diputadísimos y unos ministrísimos que son herederos del caudillo.

Podrán decirme que han llegado al Gobierno por las urnas. Llegar por las urnas al fascismo no es algo nuevo, ni resta gravedad, sobre todo cuando se incumplen los contratos electorales de forma desvergonzada. Podrán decirme que la gente volverá a votarlos. Eso no significará que dejen de ser fascistas, sino que el fascismo se ha instalado en los procedimientos democráticos. En una realidad fundada en la mentira, con una división tajante entre la España oficial y la España real, entre los mundos virtuales y la experiencia de carne y hueso, los votos pierden su vinculación con la calle y pasan a ser una parte más del videojuego de las supersticiones. Sin patrimonio legal democrático, podrá haber votos, pero no habrá democracia.

Ni soberanía popular, ni instituciones representativas, ni participación. Mentira y represión policial. Buenos días, fascismo.

14 nov. 2013

Terroristes graciés: Merci Bruxelles!

cour europeenne des droits de l'homme

La justice aurait “mal” interprété ses lois pénales d’après la Cour européenne des droits de l’homme. Inés del Río Prada, figure de l’ETA emprisonnée depuis 1988 aurait effectué trop d’années de prison. Jugées pour plusieurs attentats commis par l’organisation séparatiste basque dans les années 80, le total de ses peines s‘élevait à plus de 3 000 ans.
La condamnation est avant tout symbolique. En première instance, sa peine avait été ramenée à 30 ans, soit le maximum que peut passer un individu en prison. Par la suite, elle avait obtenu une remise de peine fixant sa libération à juillet 2008.
Mais en 2006, le Tribunal suprême espagnol n’interprétait plus la loi de la même manière. Avec un changement notable. Ce seuil ne s’appliquait plus à la totalité des peines mais à chaque peine pour laquelle l’individu avait été condamnée. La justice nommait cette réforme la “Doctrine Parot” et visait, essentiellement, à empêcher la libération de membres d’ETA.
Jusqu’en 2003, la peine maximale était de 30 ans. Depuis, elle est passée à 40 ans et les travaux d’intérêts généraux n’entraînent plus de remises de peine automatiques.
En 2012, la Cour Constitutionnelle espagnole donnait son aval à la “Doctrine Parot” par 12 voix contre 3. Un de ses membres avait décrit cette décision comme “un changement des règles du jeu.”
Avec cette décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, au moins 54 membres d’ETA pourraient, dès lors, être libérés sur les 600 incarcérés dans les prisons espagnoles. (source: Euronews)

Il y a un mot espagnol qui n'a pas de traduction possible en français: Una chapuza.
Chapuza signifie un travail mal fait. Il est surtout utilisé dans la construction, mais sont emploi s'est généralisé à tout ce qui a été mal réalisé,  fait à la "va-vite".

La doctrine Parot: una chapuza en toda regla.

Et l'état espagnol  réalisa une véritable "chapuza" en 2006 quand le Tribunal Suprême inventa cette Doctrine Parot  pour contourner le problème qu'en Espagne, la prison à perpétuité n'existe pas.
Pour changer cela, il faudrait changer la constitution qui indique que la peine maximum est de 30 ans.
On pourrait penser que c'est un travail long et fastidieux que de changer la constitution...
Pourtant le président Zapatero n'a pas eu de mal à la réformer, de manière express,  pour y mettre une "touche" néo-libérale imposée par Bruxelles sur la stabilité budgétaire.
Alors pourquoi n'a-t-on jamais pris le temps de se pencher sur le sujet de la peine à perpétuité ?

Intolérable quand on sait que certains terroristes ont des dizaines de morts sur la conscience. Diviser leurs peines maximales par le nombre de victimes réduit la vie humaine à peu de chose, presque équivalente à un vol de voiture...
D'autant plus ridicule qu'on les condamne symboliquement à une peine pour chaque victime qui finit par accumuler des milliers d'années pour certains: C'est un peu, excusez-moi de l'expression, se foutre de la gueule du monde !

Les familles de victimes et une grande partie des espagnols peuvent peut-être comprendre le cheminement  du tribunal des droits de l'homme, logique et implacable. Car la justice de leur pays avait créé une aberration juridique.
Mais le résultat de la sentence est humainement impossible à assumer: Des personnes ayant tué froidement, qui aujourd'hui encore sont sans remords et seraient prêtes à recommencer, sortent de leurs cellules, sourire aux lèvres...
Comble de l'horreur, certaines réclament même des indemnités pour préjudice, alors qu'insolvable à l'époque de leurs méfaits, elles n'ont jamais payé celles qu'elles devaient verser aux victimes et à leurs familles.

Les débats ici vont bon train:
Devant l'apparent zèle des tribunaux espagnols pour appliquer rapidement la résolution de Bruxelles, alors qu'ils avaient des possibilités légales de "faire traîner" les choses, certains veulent y voir un cadeau des politiques fait aux terroristes afin de favoriser les négociations de dissolution définitive de l'E.T.A.
Aurait-on dû changer les lois il y a longtemps ? Pourquoi ne l'a-t-on pas fait? Sans parler pour certains du retour du débat sur la peine de mort.

La sentence s'applique non seulement aux terroristes mais à tout les condamnés à qui on a appliqué cette doctrine Parot pour retarder leur sortie de prison.
Plusieurs tueurs et violeurs en série non réhabilités vont être relâchés dans les jours qui viennent, déclenchant une véritable alarme sociale. J'ai moi même vécu en direct plusieurs de ces évènements, comme ceux du  "violeur de l'ascenseur" de Valladolid qui a 18 viols déclarés (il aurait fait une cinquantaine de victimes) et 2 meurtres à son actif. Et je vis en Espagne depuis moins de 20 ans !

Il est un peu tard pour pleurer.
Esta chapuza ya no tiene arreglo.


23 oct. 2013

Marathon automnal sous le ciel étoilé d'Espagne

CROA (Compte Rendu d'Observation Astronomique)  08 octobre 2013

lieu: un chemin agricole quelque part  dans la Sierra de Francia, province de Salamanque (Espagne)
Les photos qui accompagnent ce récit ne sont pas de moi. Je les ai retouchées pour essayer de reproduire le mieux possible ce que je voyais à l'oculaire.

Voilà déjà quelques mois que je n'étais pas sorti observer pour moi seul, ayant passé mon été à montrer les beautés du ciel à mes clients. Même si j'ai l'habitude de rester un peu après les séances de groupe, j'avais envie d'une folle nuit comme j'aime m'en offrir de temps en temps. 
Je voulais essayer d'observer la comète ISON et en passant Jupiter et Mars qui se voient toutes les trois un peu avant l'aube en ce moment. Me lever à 3 ou 4 heures du matin, aller sur site et monter mon instrument et pour moi une épreuve surhumaine. Je préfère de loin passer une nuit blanche et observer un maximum de choses. De plus, voir la nuit entière, le ciel étoilé, défiler sous vos yeux, a toujours quelque chose de magique.

J'arrive donc sur un de mes emplacements privilégiés, à 20 minutes de chez moi et à 1000 mètres d'altitude vers 22h00. Il fait déjà nuit. J'ai préféré dîner copieusement à la maison afin de résister le froid et les longues heures qui m'attendent. La température est douce encore à cette saison mais je sais que la fraîcheur arrivera vite, nous sommes en montagne.
Je monte le dobson 500  en 20 minutes et le collimate à l'aide du système Cat Eyes en 5 minutes. J'adore cette invention pour sa rapidité et son efficacité, bien plus précis que le meilleur des lasers. Un premier test sur étoile me dit que cette nuit est plutôt moyenne. Même si le ciel est limpide et bien noir, le niveau de turbulence ne devrait pas me permettre de monter en grossissement. 

22h30: Je commence la séance avec la  nébuleuse Omega (M17), accompagné par les pasodobles du bal de la fête du village qui se trouve a 6 kilomètres. Une des dernières fêtes de la Sierra qui annonce définitivement la fin de l'été. Ce bruit lointain m'accompagnera jusqu'à 4 heures du matin, seulement entrecoupé par la choral des grillons et le chant de quelques oiseaux nocturnes.
Avec le filtre NPB (filtre pour voir les nébuleuses qui se situe entre un UHC et un OIII) et le fantastique oculaire Ethos 21mm, je la vois avec un volume et une superficie rarement atteinte. La forme typique de cygne du nuage principal est enveloppée de gaz plus diffus mais bien contrasté: Exactement ce que l'on voit sur une photo mais sans la couleur.
 En remontant la voie lactée, je m'arrête ensuite sur la nébuleuse de l'Aigle (M16), qui ne se révèle clairement qu'avec le filtre. Munis de l'Ethos 13mm, j'observe très bien les colonnes de matières noires qui entrent dans le nuage brillant.
Le Cygne (la constellation cette fois-ci) étant maintenant au zénith, j'en profite pour viser la nébuleuse des Dentelles (ngc 6992-6960). C'est un des meilleurs moments de l'année pour l'observer car les nuits commencent à être plus noires qu'en été.
Je ne suis pas déçu. Avec le panoptic 41mm, son grossissement de 40x et ses 1,2º de champ de vision, je dois encore m'y prendre en deux fois pour contempler la partie la plus importante de ce "cadavre" de supernova. La pupille de sortie de 9 mm me fait perdre du contraste alors je passe à l'Ethos 21mm et même le 13mm pour baver devant le spectacle des ses entrelacs délicats. L'image est photographique et vertigineuse. Monté sur mon escabeau, j'en perd presque l'équilibre. J'essaierai même avec l'Ethos 8mm et son grossissement de 300x de pénétrer au plus près de cette structure mais ce soir le ciel m'obligera presque toujours à le garder dans la valise. Les parties moins brillantes de cette gigantesque nébuleuse (ngc 6095-79) sont parfaitement visibles entre les 2 nuages principaux. Dommage de ne pas pouvoir observer l'ensemble dans une même et unique vision. Ma lunette de 120 mm et 1000 mm  de focale me le permet, mais l'image n'a rien à voir, bien sûr...
Pas très loin, toujours dans le Cygne, la nébuleuse du Croissant (ngc 6888) , objet également très sensible au pouvoir magique du filtre (philtre serait plus exact), se révèle comme une sorte de cerveau spatial. Enfin, c'est comme ça que je la vois.

nébuleuse du cygneM17 (Ethos 21+filtre NPB)

nébuleuse de l'aigle.M16 (Ethos 21+filtre NPB)

nébuleuse des voiles.NGC6992 (Panoptic 41+filtre NPB)

nébuleuse du croissantNGC6888 (Ethos 13+filtre NPB)

23h30: Comme dans le cas de la nébuleuse des Dentelles, la nébuleuse North America (ngc 7000) est si grande qu'il est impossible de la voir entière dans ce dobson de près de deux mètres de focale. Mais avec le 21mm et le miroir de 50 cm , le contraste entre le gaz et le fond noir est très prononcé, surtout vers l'endroit appelé "le golfe de Mexico", car c'est l'Amérique qui apparaît sous nos yeux, c'est saisissant !
Avec le grossissement minimum de mon 41mm, j'ai clairement moins de contraste mais le champ plus vaste me permet de voir  ensemble NGC7000 et  la nébuleuse du Pélican (I 5070).

nébuleuse americaNGC7000 (Panoptic 41+filtre NPB)

Encore une fois, l'expérience est presque photographique. Il manque juste les couleurs bien que l'on peut les deviner dans les gammes de gris légèrement teintées de rouge dans le cas de America, et de vert dans les Dentelles. Comme j'aimerais les voir dans le télescope de 1 mètre de Frédéric Géat. Un séjour dans son gîte astro est prévu dans mon agenda, lorsque j'aurai réuni quelques astro-amateurs du coin pour m'accompagner...

00h00: Mais je m'amuse, je m'amuse... et un objet qui m'a résisté la dernière fois va se poser vers l'horizon. Vite, j'oriente le tube vers la constellation du Sagittaire pour chercher la galaxie de Barnard ngc 6822, cette petite galaxie irrégulière qui appartient à notre groupe local. En chemin, je passe par l' amas globulaire d' Hercule (M13), un cadeau pour les yeux, qui lui aussi commence à redescendre sur l'horizon.
Ce sera le seul amas globulaire de la soirée, absorbé que je serai à scruter galaxies et nébuleuses planétaires. Mais quel amas ! le plus beau ! Rien que pour ça, on se fait astro-amateur !
Avec NGC6822, il n'y a pas eu plus de succès que la dernière fois: Je ne sais pas si c'est parce que je ne sais pas exactement ce que je dois voir, mais j'ai passé un bon moment à la chercher et je n'ai rien trouvé. En revanche, j'ai observé parfaitement la nébuleuse planétaire du petit diamant (ngc6818) qui est à coté. Dans le 21 et le 13mm, ce n'est qu'un petit disque bleu.

amas globulaire d'herculeM13   (Ethos 8) 

nébuleuse planétaireNGC6818 (Ethos 13)

00h30: Une brise fraîche commence à souffler, entrecoupée parfois de rafales plus froides. Je décide de faire une pause, de sortir mon bonnet de laine, et d'entamer ma thermo de café con leche qui m'attend dans la voiture.
...Et je continue la soirée avec une belle liste de nébuleuses planétaires, toutes situées dans un mouchoir de poche céleste: Celle de la constellation de l'Aigle (ngc 6781), plus grande que celle d'avant mais plus floue et d'une couleur verte intense. En augmentant avec le 8mm, et avec l'aide du filtre, je perçois le centre plus ténu, et la circonférence plus brillante me rappelle la nébuleuse de l'Anneau (M57) que je visiterai ensuite dans la constellation de la Lyre. Dans le Cygne, je ne peux pas oublier de passer par la nébuleuse clignotante Blink (ngc 6826), intensément bleue avec son étoile blanche centrale qui vient et qui va.

nébuleuse blinkNGC6781  (Ethos 8+filtre NPB)

nébuleuse de l'anneauM57  (Ethos 8)

nébuleuse planétaireNGC6826 (Ethos 8)

Dumbell (M27) est toujours une fête avec ce diamètre. Un des objets dont je perçois nettement les couleurs, sachant qu'en la matière, je suis plutôt mauvais comparé à certains amis. C'est simplement génial. Tellement que tous mes oculaires passent les uns après les autres sur le porte oculaire, chacun avec ou sans filtre, pour comparer. Le 21, 13, 8 et le 6 mm. Plus j'augmente, mieux je vois les couleurs, mais le filtre, ici, ne semble pas m'en montrer d'avantage. Pour moi, Dumbell dite aussi nébuleuse de l'Haltère est un énorme oeil rose à l'iris bleu. La nébuleuse Hélix (ngc 7293), aux dimensions impressionnantes, n'a pas la teinte rouge si nette que je vis cet été. Peut être parce qu'elle est plus basse dans le ciel ?

nébuleuse de l'althèreM27 (Ethos 13+filtre NPB)

nébuleuse helixNGC7293 (Ethos21+filtre NPB)

01h30: La nébuleuse Saturne (ngc 7009) doit être augmentée un maximum pour espérer voir sa structure. Avec le 8 mm, j'arrive à sentir son "anneau" qui la fait se ressembler à la planète. Le filtre n'apportera rien. Ni le 6 mm. La nuit est trop agitée...

L'étoile Alfa du Phénix pointe au dessus des crêtes de la Sierra de Francia. Je vais tenter de voir pour la première fois des galaxies proche d'elle. NGC 300 me demande quelques efforts pour la trouver, mais en vision indirecte et à 40x, je finis par la trouver. À 200x, elle m'apparaît comme une galaxie spirale vue de face comme M33, mais plus faible. J'observe dans une zone très basse du ciel et la qualité de l'image est médiocre si l'on compare le même objet observé au zénith. Mais le Phénix fait un court passage sous ces latitudes et ne monte guère plus haut qu'aujourd'hui.
Ngc 55 en revanche est plus brillante. Elle occupe tout le champ de l'Ethos 13 mm et me fait penser à M82, le cigare. Mais les photos me révéleront plus tard une structure plus proche à celle des nuages de Magellan.

nébuleuse saturneNGC7009 (Ethos 8)

galaxie du sculpteurNGC55 (Ethos 13)

02h00: Alfa du Phénix retombe rapidement derrière les montagnes. Il me faudra aller sur mon site le plus élevé, a 1700 mètres, pour pouvoir explorer cette région qui parait si intéressante.
J'ai encore le temps de viser la galaxie vedette de la saison: La galaxie du sculpteur (ngc 253),  qui se trouve à 13 millions d'années lumière. Un joyau presque photographique qui occupe tout le champ de mon Ethos 21mm (0,9º). Sa structure spirale se révèle dans toute son évidence, avec ses bras, des zones brillantes et d'autres sombres (poussières interstellaires) qui s'enchaînent, des points très brillants qui sont peut-être des zones d'hydrogène ionisé (HIII). On a l'impression de percevoir un mouvement, une vaste valse galactique... Dans l'Ethos 13, en vision indirecte, l'image se fait encore plus précise, avec le bulbe central et plein de petits moutons de gaz autour. Exactement comme sur les photos. Ce sera avec la nébuleuse d'Orion, l'image de cette veillée.
Je vais ensuite voir M33 justement. Notre voisine à 2,8 millions d'années lumière de nous. La galaxie du Triangle rempli également tout le champ du 21mm et avec le 13mm, je dois me déplacer pour visiter ses bras si étendus.

galaxie d'andromèdeNGC253 (Ethos 21) 

galaxie du triangleM33 (Ethos 21)

02h45: Pause café. Je reviens à la constellation du sculpteur pour observer ngc 247, une galaxie qui est dans l'oculaire la moitié de sa grande voisine mais qui est peu contrastée. Elles font toutes les deux partie du groupe du Sculpteur, le groupe de galaxies le plus proche de notre groupe local. Tout comme ngc 613,  très petite dans l'oculaire mais dont la forme typique en S se devine clairement. Un objet similaire dans la constellation du Fourneau, ngc 1097, me montre son coeur , la partie brillante de la galaxie, qui a l'air elliptique mais je n'arrive pas à voir les 2 grands bras visibles sur les photographies.
Cette région du ciel est intéressante. Elle possède 2 galaxies naines qui font partie de notre groupe local et bien qu'étant des objets difficiles, devront être tentés un de ces jours... 

Mon festival de galaxie continue en montant vers la Baleine et Eridan avec ngc 908, une petite spirale que je dois augmenter à 300x pour qu'elle me révèle autre chose qu'une petite tache floue. Ngc 1407, encore plus petite, est une galaxie lenticulaire, presque ronde. Je continue à monter dans la Baleine: ngc 720, une galaxie elliptique (c'est à dire de forme allongée mais sans bras comme les spirales) et près de l'étoile théta Cetus, 5 petites galaxies alignées passent devant moi, 2 ou 3 dans l'oculaire à la fois: Ngc 636-615-600-596 et 584.  Pas très loin de ngc 157, un peu plus grande que ces dernières et dont je devine la forme spirale. Il y  a dans le coin des quantités de galaxies mais j'en laisserai pour d'autres soirées. Je pars pour la nébuleuse planétaire de la Baleine (ngc 246) appelée également la nébuleuse du squelette pour dire mes adieux à une constellation bien intéressante, ma fois...
Dans le 13mm, elle ressemble à une bulle de savon bleue. Un cercle filigrané avec 2 petites étoiles à l'intérieur et qui avec le filtre se transforme en un disque, celui-ci faisant apparaître le gaz de la partie centrale.

galaxieNGC247  (Ethos 21)

galaxie spiraleNGC613  (Ethos 13)

galaxie spiraleNGC1097 (Ethos 13)

galaxieNGC908  (Ethos 8)

galaxie NGC157  (Ethos 8)

nébuleuse planétaireNGC246 (Ethos 13+filtre NPB)


04h15: La nébuleuse, LA Nébuleuse, la star,  M42 dans Orion. Ma première retrouvaille depuis le printemps dernier. Comme elle m'a manqué !
Dans l' Ethos 13, je cible son  coeur dense. Depuis que j'ai eu cette vision l'année dernière, je ne peux m'empêcher d'y voir la tête d'un vieux et inquiétant sorcier. Les étoiles du trapèze forment l'oeil et le coeur en demi-lune m'inspire un menton et un nez proéminents et crochus qui semblent vouloir se toucher. De cette tête bizarre sortent deux ailes d'ange qui sont les extensions du grand nuage. Voilà ce que je vois, moi, là où d'autres voient un oiseau avec le bec ouvert.
Avec le filtre NPB, M42 est si grande que j'ai besoin du panoptic 41 et ses 40x pour la voir entière. Avec le 21 mm et son contraste, je peux ressentir dans les couleurs de ces gris divers et variés toute la richesse chromatique de ce joyau du ciel: vert, bleu, rose, un ton lie de vin...

grande nébuleuse d'orionM42 (Ethos 21+filtre NPB)

04h30: Un coup de fatigue m'oblige à faire une courte pause cafeconleche. Je continue ensuite dans Orion avec les nébuleuses de la flamme (ngc 2024) et la petite ngc 2023 à coté, près de la mythique nébuleuse de la tête de cheval (Barnard 33) , si mythique que je continue encore à la chercher. Avec ou sans le filtre NPB, je continue à ne rien voir alors que je sais que je suis sur l'emplacement précis. Cette objet, un des préférés des astro-photographes se révèle avec un filtre H-Béta que je ne possède pas (encore...) Un astro-ami à la vision certainement meilleure que la mienne affirme l'avoir vue dans mon dobson, mais moi derrière lui, et même avec ses indications, RiEN !

Je lève doucement le télescope pour arriver à M1, la nébuleuse du crabe, reste d'une supernova qui explosa vers l'an 1000 et fut commentée par les astronomes arabes et chinois de l'époque. A 300x, je vois parfaitement les filaments visibles en photo et qui me rappelle un nuage d'électrons.
Je redescend un peu pour trouver la nébuleuse de la Rosette (ngc 2237), grand nuage de gaz (HII)  difficile à détecter à cause de sa grande taille et sa faible luminosité, et qui entoure un amas d'étoiles (ngc 2244). Le filtre se montre encore là décisif pour l'observer parfaitement avec l'oculaire au plus grand champ possible. Dans l'Ethos 21, je la vois par petits bouts mais sa couleur grise rougeâtre devient évidente.

nébuleuse du crabeM1 (Ethos 8+filtre NPB)

nébuleuse de la rosette
NGC2237 (Panoptic41+filtre NPB )

05h45: Le froid et la fatigue commence à envahir tout mon corps. Mais je dois tenir jusqu'à l'apparition de la comète. Ce serait trop bête de craquer maintenant !
Sirius et le Grand Chien sont déjà haut dans le ciel. j'en profite pour regarder la nébuleuse du Casque de Thor (ngc 2359). Sa forme de casque d' “Asterix” a quelque chose de surprenant. Je crois que je l'ai vue un peu plus contrastée avec le filtre OIII de l'ancien propriétaire de mon beau Dobson Factory, mais sans étoiles pratiquement. 
C'est l'avantage de ces filtres NPB qui font le bonheur de leur propriétaire: Ils possèdent un contraste qui rivalise avec certains filtres OIII de grandes marques, mais tout en gardant une vision naturelle équivalente à un filtre UHC, laissant apparaître un grand nombre d'étoiles.
Attendant que la comète se lève un peu plus, je décide de regarder Jupiter sans grands espoirs quant à la possibilité de grossir, le seeing étant le même qu'en début de nuit. La planète si brillante m'aveugle quelques temps. Je l'observerai cette nuit à 175x car avec le 8mm, l'image devient pâteuse et bouge en permanence. Les bandes sont bien visibles, ainsi que les tons ocres et marrons caractéristiques. Io, Europe, Callisto et Ganymède dansent autour comme à leur habitude...
J'essaie Mars pour le sport. Bien trop basse encore dans le ciel, trop éloignée actuellement pour montrer ses faibles détails, je sais d'avance que je ne verrai qu'une petite bille orange. J'arrive tout de même, au milieu des gros bouillons atmosphériques,  à voir la tache blanche d'un des ses pôles.
Me viens alors à la mémoire l'image de Saturne vue à 600x en février, tel une image d'encyclopédie, superbe dans son aspect figé.
  
nébuleuse du casque de thorNGC2359 (Ethos 13+filtre NPB)

jupiterJupiter (une nuit magique avec Ethos 6 + powermate x2)



06h15: Mais voilà le moment tant attendu, l'heure de rechercher la comète qui sera, d'après certains pronostics, la comète de ce siècle: ISON.
J'ai repéré avant de partir où la chercher sur des cartes (juste au dessus de Mars) mais je n'ai pas emporté mes notes. Grave erreur ! La comète est si faible encore, que je mis une demi-heure à la trouver. 
Dans l'Ethos 13, je vois un petit noyau brillant et le début très timide d'une queue. Nous sommes loin du spectacle qu'elle devrait offrir en décembre, lors de son passage près du soleil.
Un peu déçu, je ressors un petit filtre UHC-e que j'utilise sur ma lunette 120mm et dont j'ai lu quelque part qu'il pourrait être utile sur les comètes en filtrant la bande du calcium. un élément qui abonde dans ces objets. Grâce à lui, la comète ressort un peu mieux. Normal. Le filtre assombrit un peu le fond du ciel qui commence à prendre les couleurs de l'aube.
Je referai l'expérience cet hiver, avec la comète à son apogée.

07h00-07h30: L'aube se lève... Pendant que je démonte et que je charge le télescope dans la voiture, j'ai encore la force suffisante pour contempler le firmament et jouir de l'ambiance particulière qui règne juste avant que le jour pointe son nez: les légers bruits d'une nature qui s'éveille lentement, les étoiles qui s'éteignent une à une, laissant pour la fin,  déjà en plein jour les plus brillantes comme Sirius, Rigel, ou Jupiter.
Heureux et épuisé, je retourne chez moi en sachant qu'une longue journée m'attend avant de pouvoir me coucher et récupérer le sommeil en retard...
... jusqu'à la prochaine nuit blanche.

11 sept. 2013

Garabato de gabacho: Dernières toiles.

Pratiquement un an et demi sans pouvoir peindre pour moi.
De nombreuse travaux de maintenance dans les gîtes et leur jardin, la refonte entière du site internet de ces derniers, la construction du télescope de 200mm, et les travaux agricoles m'ont éloignés de l'atelier si ce n'est pour réaliser quelques commandes sporadiques.
En août, j'ai repris là où je m'étais arrêté, continuant à expérimenter la voie des petits gribouillis de téléphone projetés, quelques-uns combinés, et reproduits avec tous les "défauts" que peut laisser un tracé augmenté des dizaines de fois.
Ce travail graphique sert ensuite à une diversion colorée. Un peu comme ces toiles pré-dessinées que l'on peut acheter dans les magasins de travaux manuels pour occuper ses dimanches pluvieux ou les albums de coloriage pour enfants...

peinture


peinture

peinture

peinture

6 août 2013

Expulsions: Les banques-vautours guettent...


expulsions en espagne

Ce petit dessin animé m'a plu: il est en espagnol mais sous titré en anglais.
Il est édité par les associations qui s'organisent pour éviter les expulsions injustes des familles qui n'arrivent plus à payer leurs traites aux banques, celles-ci ayant été largement aidées et graciées de leurs monumentales erreurs grâce à l'argent public qui leur a été consacré et qui maintenant est "récupéré" par le gouvernement à coup de coupes budgétaires drastiques et injustes.

Je rappelle que l'Espagne est le seul Pays où les banques peuvent vous expulser de chez vous pour non-paiement du prêt hypothécaire mais qu'une fois à la rue, vous devez continuer à payer la dette.
Le nombre croissant de suicides à cause de ces expulsions ont "obligé" le gouvernement à bouger sur ce point: ils ont pondu une loi qui ne règle en rien les problèmes et la souffrance des gens car elle s'applique à très peu de cas...

De la même manière que l'on attend une action nette et rapide pour que les milliers de personnes qui ont été escroquées par les banques qui leur ont fourgué des produits financiers toxiques,  et qui n'arrive pas.
Tout comme l'on attend encore la démission du président Rajoy et d'une grande partie des éléphants de son parti qui n'arrive point, alors qu'ils ont touché pendant des années des pots de vin et financé illégalement leurs campagnes électorales avec des "dons" de... devinez qui ?
De grands spéculateurs immobiliers espagnols..
Voilà, la boucle est bouclée...

23 juil. 2013

Aleix Saló, l'humour acide n'est pas en crise...

aleix salo dessinateur


Aleix Saló est un jeune dessinateur catalan à l'humour décapant qui a décidé il y a quelques années de mettre son crayon au service d'une présentation pédagogique et intelligible de la crise espagnole et mondiale.
Il joint à une rigueur d'analyse sans failles, une dérision et un humour noir qui rendent encore plus efficace, son plaidoyer contre la corruption et les connexions entre les différents pouvoirs: politique, finances, patronat, spéculateurs boursiers...
J'avais déjà mis il y a un an une de ses vidéos pour illustrer un article sur la crise espagnole. Je laisse ici pour ceux qui maîtrise la langue (pas le castellan de Cervantés sinon celui de la rue) les liens d'autres dessins-animés non moins intéressants et instructifs.

*Simiocracia: Un système politique basé sur le clientélisme.


*Europesadilla: Oú est passé la classe moyenne.


*Visite du pape (l'ancien) à Barcelone:



*Explication du conflit pour le sahara occidental.

 (La France soutient le Maroc contre une résolution de L'ONU au droit des saharaouis à un référendum sur leur autodétermination)

15 juil. 2013

Le jour où la crise terminera

Je ne résiste pas à l'envie de traduire ce pamphlet reçu à travers mail, qui exprime bien l'opinion d'une partie toujours plus nombreuse de la population espagnole (et la mienne) et qui est la synthèse parfaite de la triste réalité que nous vivons depuis quelques années ici, et ailleurs (Grèce, Portugal, Irlande...). Je laisse le texte en version originale pour ceux qui lisent l'espagnol...
  Concha Caballero écrit dans le journal "El País". Vous pouvez consulter plusieurs de ses billets d'humeurs ici.

concha caballero

Le jour où la crise termina.
Quand la récession sera finit, nous aurons perdu 30 années de droits et salaires .
CONCHA CABALLERO

Un beau jour de l'année 2014, nous nous réveillerons et on nous annoncera que la crise est terminée. Ils célébreront la fin du cauchemar, dans un fleuve de mots écrits avec notre douleur, ils nous feront croire que le danger est passé tout en nous avertissant qu'il y a encore des symptômes de faiblesse et que l'on doit être prudent afin d'éviter une rechute. Ils réussiront à ce que nous fêtions l'évènement, soulagés, et que nous laissions de côté notre attitude critique face aux pouvoirs et ils nous promettront que peu à peu, nous retrouverons une vie tranquille.

 Un beau jour de 2014, la crise sera officiellement terminée, et nous aurons tous des têtes d'imbéciles heureux. On nous reprochera notre méfiance, ils clameront les bienfaits de leur politique d'austérité. Ils relanceront la roue de l'économie. Bien sûr, la crise écologique, la crise des inégalités et de l'impossibilité d'une croissance infinie, restera intacte mais ces menaces n'ont jamais été publiées, et ceux qui dominent le monde auront mis un point final à cette crise-escroquerie, moitié réalité, moitié fiction, dont l'origine est difficile à déchiffrer mais dont les objectifs sont clairs et précis: Nous faire revenir 30 ans en arrière tant en droits du travail comme en salaire.

 Un beau jour de l'année 2014, lorsque les salaires auront été baissés à des niveaux tiermondistes, lorsque le travail sera si bon marché qu'il ne sera plus le facteur déterminant du prix d'un produit, lorsqu'ils auront mis à genoux toutes les professions pour que leurs savoirs tiennent dans un salaire de misère, lorsqu'ils auront habitué les jeunes à travailler presque gratuitement, lorsqu'ils disposeront d'une réserve de millions de chômeurs près à être polyvalents, mobiles et malléables simplement pour sortir de leur situation désespérante, ALORS LA CRISE SERA TERMINÉ.

 Un beau jour de 2014, quand les élèves s'empileront dans les salles de classe, qu'ils auront réussi à expulser du système éducatif 30% des étudiants sans laisser de traces visibles, quand la santé s'achètera et ne s'offrira plus, quand notre état de santé ressemblera à celui de notre compte bancaire, quand on nous fera payer pour chaque service, chaque droit, chaque prestation, quand les retraites seront tardives et ridicules, quand ils nous auront convaincu que nous avons besoin d'assurances privées pour garantir nos fins de vies, ALORS LA CRISE SERA TERMINÉE.

 Un beau jour de l'année 2014, quand ils auront réussi à niveler vers le bas toute la structure sociale et que tous, excepté l'élite protégée dans chaque secteur, nous marcherons dans le lisier de la pénurie ou sentirons l'haleine de la peur dans nos dos, quand nous nous serons lassés des confrontations entre les uns et les autres, et que tous les ponts de la solidarité auront été rompus, ALORS ILS NOUS ANNONCERONT QUE LA CRISE EST TERMINÉE.

 Jamais en si peu de temps, ils auront réussi autant. Seulement 5 ans leur ont suffit pour réduire en cendres des droits qui ont demandé des siècles de conquêtes et expansion.Une dévastation si brutale du paysage social seulement comparable en Europe lors des dernières guerres. Bien que, réflexion faite, dans ces derniers cas aussi, c'est l'ennemi qui a dicté les règles, la durée des combats, la stratégies à suivre et les conditions de l'armistice. Pour cela, Je ne suis pas seulement préoccupée de quand nous sortirons de la crise sinon comment nous en sortirons. Sa grande victoire aura été non seulement de nous rendre plus pauvres et inégaux, mais également lâches et résignés, car sans ces derniers ingrédients, le terrain si facilement conquis par eux serait de nouveau disputé.

 Pour l'instant, ils ont mis l'horloge de l'histoire en arrière et ont gagné 30 ans pour leurs intérêts. Il reste maintenant les dernières retouches au nouveau cadre social: Un peu de privatisation par ici, un peu moins de dépense publique par là, et "voilà": son oeuvre est terminée. Quand le calendrier marquera n'importe quel jour de 2014, mais que nos vies auront régressé comme dans les années 70, ils décréteront la fin de la crise et nous écouterons à la radio les dernières conditions de notre reddition.


  El día que acabó la crisis* Cuando termine la recesión habremos perdido 30 años en derechos y salarios* CONCHA CABALLERO 
Un buen día del año 2014 nos despertaremos y nos anunciarán que la crisis ha terminado. Correrán ríos de tinta escritos con nuestros dolores, celebrarán el fin de la pesadilla, nos harán creer que ha pasado el peligro aunque nos advertirán de que todavía hay síntomas de debilidad y que hay que ser muy prudentes para evitar recaídas. Conseguirán que respiremos aliviados, que celebremos el acontecimiento, que depongamos la actitud crítica contra los poderes y nos prometerán que, poco a poco, volverá la tranquilidad a nuestras vidas.

 Un buen día del año 2014, la crisis habrá terminado oficialmente y se nos quedará cara de bobos agradecidos, nos reprocharán nuestra desconfianza, darán por buenas las políticas de ajuste y volverán a dar cuerda al carrusel de la economía. Por supuesto, la crisis ecológica, la crisis del reparto desigual, la crisis de la imposibilidad de crecimiento infinito permanecerá intacta pero esa amenaza nunca ha sido publicada ni difundida y los que de verdad dominan el mundo habrán puesto punto final a esta crisis estafa —mitad realidad, mitad ficción—, cuyo origen es difícil de descifrar pero cuyos objetivos han sido claros y contundentes*: hacernos retroceder 30 años en derechos y en salarios.

 Un buen día del año 2014, *cuando los salarios se hayan abaratado hasta límites tercermundistas*; *cuando el trabajo sea tan barato que deje de ser el factor determinante del producto;* *cuando hayan arrodillado a todas las profesiones para que sus saberes quepan en una nómina escuálida; *cuando hayan amaestrado a la juventud en el arte de trabajar casi gratis; *cuando dispongan de una reserva de millones de personas paradas dispuestas a ser polivalentes, desplazables y amoldables con tal de huir del infierno de la desesperación,* ENTONCES LA CRISIS HABRÁ TERMINADO.

 Un buen día del año 2014, cuando los alumnos se hacinen en las aulas y se haya conseguido expulsar del sistema educativo a un 30% de los estudiantes sin dejar rastro visible de la hazaña; *cuando la salud se compre* y no se ofrezca; cuando nuestro estado de salud se parezca al de nuestra cuenta bancaria;*cuando nos cobren por cada servicio, por cada derecho, por cada prestación;* cuando las pensiones sean tardías y rácanas, *cuando nos convenzan de que necesitamos seguros privados para garantizar nuestras vidas *, ENTONCES SE HABRÁ ACABADO LA CRISIS.

 Un buen día del año 2014, cuando hayan conseguido una nivelación a la baja de toda la estructura social y todos —excepto la cúpula puesta cuidadosamente a salvo en cada sector—, pisemos los charcos de la escasez o sintamos el aliento del miedo en nuestra espalda; cuando nos hayamos cansado de confrontarnos unos con otros y se hayan roto todos los puentes de la solidaridad, ENTONCES NOS ANUNCIARÁN QUE LA CRISIS HA TERMINADO.

 Nunca en tan poco tiempo se habrá conseguido tanto. *Tan solo cinco años le han bastado para reducir a cenizas derechos que tardaron siglos en conquistarse y extenderse*. Una devastación tan brutal del paisaje social solo se había conseguido en Europa a través de la guerra. Aunque, bien pensado, también en este caso ha sido el enemigo el que ha dictado las normas, la duración de los combates, la estrategia a seguir y las condiciones del armisticio. Por eso, no solo me preocupa cuándo saldremos de la crisis, sino cómo saldremos de ella. Su gran triunfo será no sólo *hacernos más pobres y desiguales, sino también más cobardes y resignados* ya que sin estos últimos ingredientes el terreno que tan fácilmente han ganado entraría nuevamente en disputa.

 De momento han dado marcha atrás al reloj de la historia y le han ganado 30 años a sus intereses. Ahora quedan los últimos retoques al nuevo marco social: un poco más de privatizaciones por aquí, un poco menos de gasto público por allá y *voilà*: su obra estará concluida. *Cuando el calendario marque cualquier día del año 2014, pero nuestras vidas hayan retrocedido hasta finales de los años setenta,* decretarán el fin de la crisis y escucharemos por la radio las últimas condiciones de nuestra rendición.
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