Ce blog ne prétend rien d'autre que d'être une suite d'articles sans liens ni thématiques particulières. Il fait part de la vision d'un expatrié sur ce merveilleux pays qui l'a accueilli, essayant d'en donner une image diffèrente des clichés qu'en ont souvent ceux qui le méconnaisse. Il cherche aussi à temoigner d'une expérience personnelle qui prouve que le bonheur n'est pas une chimère...

23 févr. 2013

À la recherche de l'astéroïde 2012 DA14

asteroïde 2012 da14

Le 15 février dernier ont eu lieu deux évènements extraordinaires pour les astro-amateurs, mais aussi pour ceux que l'astronomie n'intéresse absolument pas, même si ces derniers n'en étaient pas conscients.
Deux astéroïdes frôlaient la Terre à tel point que le premier s'est vu attrapé par la gravité de notre planète et a fini sa course en Oural. Son onde de choc a provoqué de nombreux blessés et des dégâts considérables, dans une zone somme toute assez dépeuplée. Rien à voir, heureusement, avec la taille et les dégâts causés par le météorite Tunguska en 1908, dont la puissance avait atteint plusieurs centaines de bombes "Hiroshima" et avait explosé dans une zone désertique (ou presque ) de cette même région du monde  (hip hip hip Oural !!).

L'astéroïde 2012 DA14: Objet difficile à observer.

Pour nous, astro-amateurs, la journée était riche en émotions. Car après cet "apéritif surprise", nous avions rendez-vous le soir même avec 2012 DA14, qui n'est pas comme son nom semblerait l'indiquer, un robot sorti du dernier épisode de "la guerre des étoiles", mais un autre rocher céleste d'environ 42 mètres (grand comme un demi stade de foot) qui allait nous frôler à quelques 20.000 km, la distance de certains satellites géo-stationnaires.
J'avais donc rendez-vous avec mes amis de l'association d'astronomie de Salamanque pour essayer de chasser, avec mon télescope de 50 cm, cet intrus invisible à l'oeil nu.

Arrivé sur zone vers 20h00 (un pré à 20 kms de la ville), je suis surpris par le nombre de personnes néophytes, une bonne cinquantaine, qui sont venues pour voir le phénomène. Pas de doute que les images matinales sur les chaînes de télé ont impressionné les foules.
Mais 2012 DA14 ne sera pas si spectaculaire. C'est un objet difficile qui devra parler plus à l'esprit qu'à l'oeil, se résumant à un petit point dans le firmament.
Le site d'observation du groupe astronomique de Salamanque.
Vue de notre "campement" avec la Lune et Jupiter (Photo de Jesús Sánchez Miguel -OSAE)
L'objet sortant de l'horizon vers 21h30, et devant attendre qu'il s'élève un peu plus pour tenter de l'observer confortablement, je réponds avec passion à la curiosité des assistants qui se pressent autour du moi pour "zieuter" dans mon engin. Je leur montre la superbe Lune avec sa lumière cendrée, Jupiter et ses satellites dont un laisse justement une ombre sur la planète comme un gros grain de beauté, et même la nébuleuse d'Orion qui bien qu'un peu blafarde à cause de la luminosité de notre satellite, n'en reste pas moins spectaculaire. Je retrouve l'espace d'un instant le plaisir "d'enseigner" à un public intéressé.

telescopes pointant l'asteroïde.
Tous à vos jumelles! (photo de Jesús Sánchez Miguel -OSAE)
Mais ça y est !
L'alerte est donnée !
Deux amis puissamment armés de télescopes munis de suivi informatisé ont détecté le gros caillou et l'un d'entre eux le piste en direct sur l'écran de son ordinateur portable. La foule court et se presse autour de lui...
Seul, je ne l'aurais peut être jamais trouvé, car mon gros télescope ne dispose d'aucun système de coordonnées informatisé. Mais grâce aux pointeurs lasers de mes amis, qui m'indiquent la direction à prendre, je finis par le dénicher.
Un petit point blafard, qui bouge lentement au milieu d'étoiles plus brillantes. Si lentement qu'il est même difficile, avec mon grossissement de 40 fois, de percevoir son mouvement lorsqu'il s'éloigne du point de référence que représente une étoile proche de lui ("proche" visuellement parlant).
J'augmente à 200 fois, histoire de voir si en m'approchant un peu, je pourrais distinguer un "petit prince" prêt à nous rendre visite: J'aurais tellement de questions à lui poser !...

asteroïde du petit Prince

Mais rien. Le grossissement ne m'apporte aucuns détails. Et à grossir plus, le suivi manuel risque d'être périlleux et je pourrais le perdre à jamais. Alors je préfère continuer à le contempler ainsi, de loin, en réalisant le pouvoir optique de mon Dobson: je perçois l'équivalent d'un ballon de foot qui serait à 300 kms !
Et ce ballon, semblable par sa taille à la météorite Tunguska , s' il venait à entrer dans notre atmosphère, causerait les mêmes dégâts. L'idée qu'il tombe sur une zone surpeuplée, me donne la chair de poule...Je repense à ce film: Armageddon. Mais je suis sorti de mes pensées par ceux qui veulent le voir en "direct" et non à travers l'écran de l'ordinateur d'à coté. Alors je cède la place, j'explique et j'aide à visualiser cet objet qui déjà s'éloigne de nous et dont l'éclat s'éteint peu à peu. Vers 23h30, tout est fini.
La force gravitationnelle de la Terre a certainement modifié la trajectoire de 2012 DA14. Lors de sa prochaine visite, passera-t-il encore plus près ou se sera-t-il éloigné de nous?
Entre temps, un autre astéroïde au nom funeste, Apophis, cinq fois plus grand que 2012 DA14, devrait nous effleurer à cette même distance en 2029.

L'extinction de notre espèce n'est pas encore pour cette fois-ci.
La vie reprend son cours.
Pour la majorité d'entre nous, elle ne s'est d'ailleurs jamais arrêtée...

membres du club astro de Salamanque.
02h30 du matin: Les 3 derniers survivants  de la soirée au pied du Dobson de 500mm. (photo de Óscar Martín Mesonero - OSAE)

1 févr. 2013

La crise espagnole pour les nuls (suite et fin?)

Mariano Rajoy, étonné.

Rajoy, basta ya!

Je ne comptais pas revenir sur ce sujet mais l'actualité m'y oblige, convertissant peu à peu ce blog qui se voulait au départ un patchwork d'articles dédiés au bonheur de vivre, en un plaidoyer contre les magouilles politiques de ce pays. J'espère revenir bientôt à l'essence de ce site, mais l'esprit n'est pour le moment pas au calme ni à la contemplation, mais plutôt à la résistance, pour ne pas dire aux barricades.

Je le dis sérieusement: L'Espagne est plongée depuis 3 ans dans une grave crise sociale, financière et politique qui peut déboucher à tout moment sur un désordre social aux conséquences inconnues.

L'affaire Barcenas: La goutte qui fait déborder le vase:

J'ai fait,  dans l'article du mois dernier, un début de liste des affaires de corruption qui ressortent depuis un mois, des profondeurs des années dorées de la construction. L'affaire de l'ancien trésorier du PPE (Parti Populaire Espagnol) qui avait planqué 22 millions d'euros en Suisse et qui avait profité de la récente loi d'amnistie fiscale voté par les siens, pour "blanchir" la moitié de cet argent, vient de prendre une tournure inattendue. (Mais pas tant que ça pour beaucoup de monde, finalement...)

Le journal "El País" a publié hier un article explosif de 4 pages où l'on peut voir des extraits d'un soi-disant livre de compte B, écrit de la main de Barcenas (l'ex trésorier du PP), qui fait état de "donations" d'entreprises espagnoles, pour la plupart des promoteurs immobiliers dont certains sont actuellement mêlés dans des affaires de corruption, et de la redistribution  de ces donations entre les "éléphants" du parti , secrétaires du parti, actuels ministres ou ex-ministres sous le gouvernement de Aznar, actuelle porte-parole du parti, et surtout le propre chef du gouvernement actuel: Mariano Rajoy.
livre de comptes de Barcenas, trésorier du Pati Populaire
Un extrait des comptes "secrets" de barcenas publié par El País: on y voit comment Rajoy aurait touché des sommes  trimestrielles qui  se chiffrent à un total de plus de 300.000 euros sur 11 ans. Tous les pontes du parti figurent sur ces papiers avec des sommes qui varient de 15.000 à 250.000 euros par des versements répartis sur plusieurs années.
Cela faisait  quelques jours déjà que le bruit courait que des membres du parti au pouvoir avaient touché des salaires "extra" au noir au moyen d'enveloppes. Il semblerait que Barcenas n'était pas décidé à payer seul le pot aux roses de la corruption qui semble atteindre son parti jusque dans ses représentants les plus illustres. Après avoir lâché ces accusations, il se rétracte maintenant et annonce que tout est un montage visant à discréditer le PP.
Et bien sûr, cela va de soit, la porte-parole Cospedal niait tout en bloc hier ainsi que tous les intéressés, sauf 4 qui ont avoué avoir reçu effectivement, soit une donation comme cette association de victimes du terrorisme "Basta ya", soit un prêt dûment remboursé comme l'actuel Président du Sénat. Ces 4 personnes confirmeraient donc sans le vouloir,  que ces papiers ne seraient pas des faux, confirmation également faite par des graphologues.

L'affaire est d'une gravité extrême: Si ces comptes se révèlent être effectivement des annotations secrètes d'enveloppes d'argent non déclaré perçues par les personnes figurant sur ceux-ci, c'est non seulement le Parti Populaire mais aussi une partie du gouvernement qui devra prendre ses responsabilités. Renouvellement total des cadres du parti pour les uns et démissions immédiates pour les autres. (mais j'ai dit la dernière fois que le mot démission est absent du vocabulaire politique espagnol)
Il sera nécessaire également de réformer sérieusement et en profondeur le fonctionnement et le financement des partis politiques de ce pays.

Corruption et politique: Une population qui n'en peut plus.

Le parti socialiste crie mollement au scandale afin de remplir son rôle d'opposition. Mais l'on sent bien qu'il tremble lui aussi devant l'ampleur de cette affaire qui pourrait bien aussi le compromettre. Pas plus tard qu'il y a une semaine, un des ses membres était expulsé pour une sombre affaire d'articles écrits par son ex-femme et sur-payés par la fondation "Idea" qu'il dirigeait (pour une somme totale de plusieurs dizaines de milliers d'euros, rien que cela.)

Les gens ici acceptent de plus en plus mal que le gouvernent leur demande mois après mois de faire des sacrifices, de voir comme il privatise peu à peu la santé et l'éducation, baisse salaires, retraites et allocations chômage, que chaque jour des familles se voient expulsées de leur logement ou condamnées à fouiller dans les poubelles, et que la caste politique continue de s'empiffrer, certains d'entre eux de manière frauduleuse.
Tout ceci, ajouté à d'autres problèmes comme les tentatives populistes d'indépendance de la Catalogne, crée un ferment anti-système et anti-politique dangereux dont les conséquences explosives sont imprévisibles.

La démocratie espagnole n'a que 30 ans. Elle est en train de pourrir avant d'avoir eu le temps de mûrir.
En d'autres temps pas si lointains, une crise économique mondiale semblable et des démocraties fragilisées ont entraînés l'Europe et le monde dans le gouffre.
Il est à espérer qu'ici, en Espagne,  l'esprit des indignés du 15M souffle sur la classe politique et que celle-ci réagisse énergiquement et rapidement. Le temps est compté...

Le Figaro
Le Monde
Analyse intéressante du scandale Barcenas (en espagnol)
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