Ce blog ne prétend rien d'autre que d'être une suite d'articles sans liens ni thématiques particulières. Il fait part de la vision d'un expatrié sur ce merveilleux pays qui l'a accueilli, essayant d'en donner une image diffèrente des clichés qu'en ont souvent ceux qui le méconnaisse. Il cherche aussi à temoigner d'une expérience personnelle qui prouve que le bonheur n'est pas une chimère...

1 juil. 2014

ADIEU L'AMIE...

Elle est couchée dans le coffre de la Kangoo.
J'entends le bruit de ses pattes qui dérapent sur le plastique dans les virages pris un peu rapidement. Normalement, lorsque je ralentis à un carrefour ou lors de la traversée d'un village, elle se relève pour voir si nous sommes arrivés à destination et je jette alors un oeil dans le rétroviseur pour me régaler de sa bonne bouille de gros toutou haletant.
Mais aujourd'hui: Rien.
Elle reste couchée, sa tête certainement relevée par moment comme ce matin lorsque je suis allé la voir au réveil et qu'elle m'a accueilli en remuant courageusement la queue.
Le savait-elle?
La décision avait été prise la veille. La terrible décision, qui me rongeait depuis des mois et qui me paraissait tellement difficile à prendre m'était soudainement apparue claire et limpide.
Deux fois déjà, j'avais fait ce trajet les yeux pleins des larmes, pensant revenir sans elle. Deux fois j'étais revenu le coeur léger et le sourire aux lèvres, sachant qu'elle allait rester encore avec nous quelques temps et surtout, qu'elle ne souffrait pas.
Mais cette fois-ci, je ravale mes larmes avec autant de rage que ce voyage ressemble à celui d'un condamné à mort et que la sentence est irrévocable.
Quarante minutes interminables,.. et en même temps, je voudrais ne jamais arriver à destination...

Peut-on pleurer autant un animal ? Bien des gens vous diront que non. Beaucoup vous demanderont de relativiser face à la misère et aux drames humains qui nous entourent.
Oui et non.
Je n'en sais rien...
Je n'ai jamais compris cette différence à faire entre les espèces, cette idée relayée par les religions judéo-chrétiennes, que l'être humain est supérieur aux animaux.
On en connaît les dérives: La nature à notre service, exploitée, maltraitée, torturée, anéantie.
Il n'y a pas si longtemps, on prêchait ces mêmes différences entre les races de notre espèce, entraînant des conséquences similaires...
Je préfère de loin la vision de certaines cultures qui voient l'homme comme partie d'un tout, en équilibre avec le monde animal (dont nous sommes), végétal et minéral. Le fait d'être conscients et pensants ne nous rend pas supérieurs pour autant, tout au plus responsables de nos actes.
Et l'amour? Que dire de cette idée saugrenue que nous sommes seuls à avoir des sentiments? Le simple fait d'observer attentivement une mère s'occuper de ses petits démonte totalement cette théorie. Un animal souffre, se réjouie, angoisse, stress, aime, chacun à son niveau d'évolution et de conscience.
Ce n'est pas pour autant que je défends et supporte les relations gâteuses, voire ridicules de nombre de personnes avec leurs mascottes.
Respect de l'animal, cela va de soi.
Humanisation de son comportement et négation de sa véritable identité: Non.
Laika était pour nous un membre de la famille mais nous l'avons toujours traitée comme un membre de notre meute, appliquant dans la mesure du possible les règles complexes qui régissent leur monde et qu'a si bien observé et raconté Cesar Millán, l'homme qui parle aux chiens, dans ses livres. Hiérarchie, respect de ses espaces et de ses rythmes vitaux... Cela en a fait je crois une chienne équilibrée et heureuse qui n'a jamais donné aucun soucis si ce n'est une agressivité un peu excessive avec les membres de son propre sexe, que je n'ai jamais réussi à atténuer. Territoriale la fille !...

L'émotion me submerge lorsqu'apparait au loin la petite ville et que le compte à rebours se met en marche.
Et si finalement je me trompais?
Et si j'attendais au moins deux jours de plus pour lui laisser une chance de se rétablir?
Car enfin! Un week-end d'avril dernier, j'aurais eu la piqûre sur moi, je lui aurais administré la dose mortelle tant elle semblait souffrir. Une visite chez le vétérinaire et le passage à un analgésique plus puissant avait suffit pour que, malgré la gravité de son cancer et la faiblesse croissante de son coeur, elle profite (et nous aussi) de deux mois de rallonge  et d'une qualité de vie assez correcte.
Le doute, la culpabilité m'envahissent...
Non!
Ne pas flancher!
À quoi bon. Quel est l'enjeu? Un mois? Deux mois?
Autant arrêter ce calvaire. Pour elle comme pour nous.

Je me gare en face de la clinique. Elle a encore le réflexe de vouloir m'aider à descendre de la voiture mais ses pattes ne lui répondent plus. Je la prends dans mes bras mais ses quarante kilos pèsent sur ma colonne vertébrale et sentant un pincement insoutenable mais familier dans quelques-unes de mes vertèbres, je dois la lâcher au vétérinaire qui m'attendait et venait à ma rencontre.
Celui-ci voyant mon état ne me laisse pas le temps de changer d'avis.
Elle est déjà sur la table, la patte tondue et la seringue de sédatif injectée. J'ai à peine le temps de la serrer une dernière fois dans mes bras en la remerciant pour tout ce qu'elle m'a donné.
Elle aura été noble et gentille jusqu'à la fin.
Je vois s'approcher la grosse seringue remplie d'un produit rose morbide. Je demande à sortir.
Ma chienne n'a plus besoin de moi.
Elle est déjà ailleurs...
Adieu l'amie...
je t'aime...

Une vie de chien.

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Laika, chienne fidèle

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...