Ce blog ne prétend rien d'autre que d'être une suite d'articles sans liens ni thématiques particulières. Il fait part de la vision d'un expatrié sur ce merveilleux pays qui l'a accueilli, essayant d'en donner une image diffèrente des clichés qu'en ont souvent ceux qui le méconnaisse. Il cherche aussi à temoigner d'une expérience personnelle qui prouve que le bonheur n'est pas une chimère...

11 déc. 2014

Le point sur les affaires espagnoles.

corruption espagne

La justice en Espagne n'est pas indépendante.

N'en déplaise à ceux qui veulent nous le faire croire, la justice espagnole n'est pas indépendante.
Si les juges, chargés des pauvres mortels que nous sommes, travaillent en relative liberté, ceux des hautes instances comme le tribunal suprême (qui est le seul à pouvoir juger les députés, sénateurs, présidents de région, ministres et autres privilégiés...) et le C.G.P.J. (chargé de nommer et de contrôler les juges) sont nommés par les partis politiques.
Le Tribunal Suprême est nommé par le Conseil Général du Pouvoir Judiciaire. Celui-ci est nommé par le Parlement et le Sénat (10 juges par les uns, 10 juges par les autres). Donc on peut comprendre aisément que ceux-ci sont placés en fonction de leur affinité politique (même s'ils affirment le contraire).
Le parti populaire ayant la majorité absolue au sénat et au parlement, il contrôle donc également la justice.

Un pouvoir qui change de main mais qui protège les mêmes intérêts.

Le président de la nation et son gouvernement étant du Parti Populaire, ce dernier contrôle les trois organes du pouvoir: Législatif, exécutif et judiciaire, en plus du pouvoir économique, si l' on sait que le patronat et les banques sont en général dirigés par des amis proches voire des militants du parti.

Rajoy et ses amis ont donc tous les moyens pour étouffer les affaires de corruptions qui minent la démocratie espagnole, légiférer une loi bidon de transparence et de bonne conduite des partis politiques et une autre, répressive, pour éviter que se répètent des épisodes comme ceux de la Puerta del Sol, au cas où la première loi n'aurait pas pour effet d'apaiser les esprits.

Si la lenteur de la justice pour traiter les cas de corruptions n'est pas suffisante, si des juges font un peu trop de zèle, il suffira de les annuler, les faire condamner ou de leur retirer les affaires en cours:
-Le juge Elpidio Silva qui instruisait le scandale de Bankia et de son directeur Miguel Blesa a été condamné et inhabilité.
-Le juge Garzón, qui traitait les affaires de la pieuvre Gürtel  a été condamné et écarté.
-Son successeur, le juge Ruz, qu'on avait dit au départ plus proche du parti au pouvoir,  mais qui travaillait aussi comme une fourmi minutieuse sur cette affaire tentaculaire qui concerne de nombreuses personnalités du PP, va être écarté à son tour.
Étant seulement vacataire, son poste vient d'être pourvu, ce qui va retarder encore plus une instruction qui se dilatait dans le temps car le nouveau juge devra lire les dizaines de milliers de pages de cette affaire énorme et qui semble ne pas avoir de fin.
Juste assez pour pouvoir passer les prochaines élections sans trop de vagues, même si le Podemos de Pablo Iglesias veille, surfant toujours sur les sondages d'opinions qui lui sont favorables.

corruption espagne
Le juge Ruz, un homme gênant...
Malgré tout, certaines affaires avancent.
-La prison assuré pour le gendre du Roi d'Espagne dans l'affaire Noos, il faudra maintenant attendre pour savoir combien il fera sur les 19 années demandées par le procureur. La soeur du roi, elle, devrait s'en sortir avec une amende de 600.000 euros.
-L'affaire Punica a permis de mettre à jour un vaste réseau mafieux de pot de vin sur toute l'Espagne.
-Le président de la province de Castellón Fabra, l'ancien ministre et président des Baléares Matas et la chanteuse "La Pantoja" sont en prison, non sans avoir tout tenté pour éviter des peines, qui pour bien des espagnols, restent symboliques.

Les aventures du petit Nicolas au Pays Populaire.

Mais la nouvelle série à rebondissement qui tient en haleine les espagnols depuis quelques semaines, est celle qui a pour protagoniste un jeune militant du Parti Populaire de 22 ans (décidément on en finit pas), nommé Nicolas. De là, l'allusion aux histoires de René Goscinny qui sont bien connues ici.
Figurez vous que ce jeune homme sans diplôme se dit ami, photos à l'appui, de Rajoy et de toute sa clique et même agent des services secrets espagnols.
On pourrait croire qu'il s'agit là d'un simple cas grave de mégalomanie.
Oui mais voilà. On le voit partout en photo avec tous les pontes du PP, il est même arrivé à se faufiler lors de l'intronisation du nouveau roi Felipe ! De nombreux SMS révèlent des discussions plus qu'amicales avec un secrétaire d'état qui lui aurait permis, grâce à son influence sur des marchés publiques, de récolter de juteuses commissions.
Au Parti Populaire, personne ne connaît bien sûr, ou alors à peine, ce sympathique jeune homme.
On attend avec impatience les prochains épisodes, car Nicolas a annoncé qu'il allait tirer la couverture et que bien des choses compromettantes allaient être dévoilées.

Chouette, ça faisait presqu'un mois qu'une nouvelle affaire n'avait pas éclaté. On aura des choses à se raconter lors de la veillée de Noël !

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Le petit Nicolas, accompagné du représentant du patronat de Madrid (lui même impliqué dans l'histoire des cartes bancaires black entre autres)


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